Chemin inverse. Pendant que les cobolistes et autres experts de langages parmi lesquels l’Assembleur disparaissent asymptotiquement, une nouvelle race semble avoir le vent en poupe. Tel un Messie des temps digitaux, le Data scientist, c’est son nom, émerge. L’un s’évanouit avec la fin annoncée mais toujours reculée des plates-formes cobol, l’autre prend corps avec l’émergence de l’ère des Big data. Nécessité impérieuse d’une nouvelle caste à l’instar des actuaires ou alors effet marketing d’un phénomène qui l’est à maints égards ? Difficile à dire pour l’instant.

La Business Intelligence (BI) a vu, à ses débuts, naître de nouveaux spécialistes : les experts décisionnels. Arrivés sur un marché qui devait accueillir de nouvelles architectures sources de data warehouses et autres data marts en remplacement des infocentres, ils avaient été accueillis sans tambours. Se les arrachait-on à prix d’or ? Pas franchement. A une offre naissante correspondait une demande en formation compréhensible. La chose prend une allure inflationniste avec l’avènement des technologies des Big data. Big commandant les excès, pourrait-on finir par dire. Illustration de ces excès, les nouveaux experts en la matière ne relèvent plus, paraît-il, du champ du décisionnel ! Il s’agit d’une nouvelle race, celle des Data scientits. Rien que ça ! Un néologisme à la hauteur du bruit marketing généré par ceux à qui profitent les cibles.

Mais au fait, qui sont ces … Data scientists ? Des experts aptes à gérer les Big data. Cela tombe bien, s’agissant d’une matière nouvelle, ces spécialistes-là sont rares face à une demande pour le moins forte. Sans blague. Alors, il faut en former. Aux grandes causes de très grands hommes. Les éditeurs les formatent, avec en toile de fond un rythme marketing proche de la samba brésilienne, le sérieux en plus, le déhanché en moins. Je vous fais grâce des matières inédites ?) que ces experts doivent maîtriser pour mériter leur titre.

Fin prêts, ils ont droit au tapis rouge déployé par le marché qui les attend, caressant le doux espoir de capitaliser enfin sur les Big data, cette nouvelle idéologie qui nous promet tout le bonheur économique. Comment pourrait-il en être autrement quand on sait que ces Data scientists vont avoir le choix sur un marché du travail marqué par un chômage endémique ? A eux le pouvoir de révéler les secrets enfouis dans nos bases de données ; à eux la subtilité de croiser ces flux monstrueux pour mettre à nu des corrélations jusque-là inimaginables. Et permettre aux entreprises de se différencier. A coûts de milliers d’euros ils seront payés ; sur fond de péta-octets ils étaleront leur savoir-faire, confirmant leur place d’espèce rare sur un terrain de la donnée synonyme de gagne. Alors, confrontées à la toute-puissance de cette donnée, les entreprises devront investir rapidement, au risque de se trouver démunies. Et perdre la guerre qui a déjà démarré.

Face à ce tableau idyllique, à ce chemin déjà tracé pour le Data scientist, cet homme à tout réussir demain, quelque voix s’interroge, déjà ( ?), sur l’incontournable place de ce roi du management de la donnée qu’il est. Chez Sentelis, l’on se demande si cette espère rare n’était pas la voix du salut pour le Big data ? Pour peu, dans l’environnement unanimiste qu’est celui des Big data, cette interrogation sonnerait comme une hérésie! Ou alors une attaque en règle pour grappiller quelque retombée marketing de ce phénomène et se faire une place sous le soleil déjà bien occupé des Big data ! Quoi qu’il en soit, cette société considère que l’Homme, et donc le Data scientist, sera de moins en moins le maillon fort de la chaîne de traitement de la donnée à l’heure des Big data. Jugez-en plutôt : « Tandis que le jeu de données à analyser devient de plus en plus complexe à traiter, il est aisé de constater que même le plus brillant des data-scientists ne sera bientôt plus en mesure de le résoudre. » Et d’ajouter : « Il ne faut donc pas trop s’emballer « dans la course à l’armement » en terme de data-scientist. Dénonciation marketing ou simple bon sens ? Il semble que pour l’heure, l’interrogation soit plus importante que quelque réponse.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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