Sommée de se digitaliser pour respecter les défis du marché, l’entreprise doit accompagner sa transformation, sous la houlette d’un maestro. Bienvenue au Chief Digital Office ou CDO ? Bienvenue avons-nous dit ?
A chaque grand chantier son porteur. Le monsieur An 2000 avait géré de bout en bout la cause éponyme ; et s’en est allé, son travail bouclé. Idem pour le monsieur Euro. Projet conjoncturel au même titre que les deux précédents, la transformation digitale est, certes, une lame de fond, mais ne saurait s’éterniser, l’entreprise transformée. Entre-temps, son maître aura pourtant appris à trouver ses marques au sein de l’entreprise, où, en toute logique, son positionnement se doit d’être transversal, à l’image de la digitalisation, qui n’épargne aucun pan de l’organisation. Et à tête d’une feuille de route stratégique, le CDO doit rapporter au CEO et siéger au Comex. Dans le même temps, ses rapports avec toutes les directions métiers doivent être permanents. Une permanence qui peut heurter très tôt certains de ses alter ego. Et au premier chef, le CIO. Habitué à conduire les chantiers technologiques de l’entreprise, ce dernier peut-il voir d’un bon œil une nouvelle parcelle de son pouvoir grignotée par le CDO alors même que plus d’une direction métier chahute presque quotidiennement son pouvoir en négociant sous sa barbe quelque contrat de Cloud computing ? Que dire du Chief Data Officer qui doit se charger de la gestion de la donnée, y compris personnelle, et de son intégrité sur tous les plans ? En fait, le patron du digital peut très rapidement être pris en tenaille, entre différents marteaux et l’enclume. Chargé d’une noble tâche, il peut, toutefois, finir par s’enliser, la transformation digitale avec lui. D’où la nécessité de bénéficier de l’onction de son Top management. Cela suffit-il pour lui garantir un blanc-seing pour un chantier herculéen appelé à bousculer jusqu’à la culture de l’entreprise ?
Importé des pays anglo-saxons naturellement pragmatiques, la fonction de CDO s’est imposée sans heurt là-bas. Peut-elle connaître le même sort chez nous où les DSI ont longtemps fait et défait certaines directions générales de grands groupes ? Car donnée pour morte dans un contexte de démocratisation de l’accès à l’équipement de certains composants technologiques par la maîtrise d’ouvrage, il s’est, dans l’indifférence du marché, refait une santé de fer. Voyez son implication dans les projets Big data : sans être Data scientist, il joue souvent un rôle déterminant dans la mise en place des architectures associées. Allez savoir pourquoi. Quand on sait la valeur symbolique de l’Analytics dans notre environnement actuel, on peut difficilement balayer, d’un revers de la main, sa fonction au sein de l’entreprise. A contrario, celle de CDO, par définition éphémère, ne saurait se targuer d’autant d’arguments. Paradoxalement, elle reste incontournable, vous répétera la doxa. Quant à nous, saluons son arrivée dans une arène où il interviendra comme interlocuteur supplémentaire, aux côtés des autres décideurs. Un conseil à son attention, la digitalisation touchant tous les services de l’entreprise, il a tout intérêt à considérer chaque intervenant de l’entreprise comme un CDO en puissance. Car nous vous le répétons sans cesse : le digital est désormais partout.