Le travail du dimanche revient sur le devant de la scène. Par ces temps de vaches maigres pour beaucoup, que doit-t-on en penser ? Le Jour du Seigneur doit-il être forcément consacré au repos et à l’épanouissement familial ?

Personnellement, j’évacuerai, d’emblée, les considérations théologiques de ce débat. Pour une simple raison : la France est laïque. On ne peut passer toute l’année à nous le rappeler puis, quand cela arrange certains, dimanche devienne le jour du relâchement sacré œcuménique. A ce rythme, chaque jour pourrait être celui du repos, en fonction de l’obédience de chaque citoyen.

Au-delà de cette mise au point, revenons sur le fond de ce débat. Et posons-nous la question de savoir pourquoi le gouvernement Ayrault s’y oppose. L’argument mis en avant est celui d’un nécessaire repos après tout travail. Soit. Mais, semble-t-il, ceux qui travaillent le dimanche ont fait le choix d’œuvrer plus pour gagner davantage. En quoi cela serait-il infamant ? La situation économique est critique. Difficile pour beaucoup de joindre les deux bouts en puisant uniquement sur leur salaire hebdomadaire, surtout quand la pression fiscale devient difficile à supporter. Que dire des étudiants qui n’ont que ce travail pour subvenir à leurs besoins ? J’entends d’ici hurler toutes les bonnes consciences et les tenants de l’ordre cléricalo-moral. Certains parmi eux, on le sait, n’ont jamais connu la précarité ; d’autres ont toujours pourfendu la France des assistés. Comment alors dans ce cas peuvent-ils s’opposer à la volonté de certains courageux de travailler volontairement le dimanche ? En échange, que leur propose le gouvernement ? Des hausses d’impôts à répétition ou alors des contrats de génération ? Ne parlons pas ici de statut de l’auto-entrepreneur auquel ils n’auraient plus réellement droit s’ils optaient pour une telle démarche à la place d’aller travailler le dimanche.

Que l’on se comprenne bien. Je ne suis pas pour le travail dominical à tout va. Toutefois, qu’un tel choix qui rapporte, beaucoup aux commerces, et je ne l’oublie pas, soit pour certains consommateurs une porte de salut dominical, je ne saurais les blâmer. Je dirais bien volontiers avec eux, « Yes Week-end ». En contribuables honorables, ils pourront s’acquitter de leurs impôts qui ne cessent d’augmenter. Ils auront également la possibilité d’entrer, le moment venu, dans le dispositif de l’ANI qui impose aux entreprises d’offrir à leurs salariés une protection sociale digne de ce nom. Ils participeront également à l’abondement des fonds de retraite.

Vous l’aurez compris, selon moi, le travail est devenu une denrée rare pour le rejeter pour des raisons dogmatiques. La France n’est pas plus croyante que l’Amérique qui l’a adopté. J’entends encore les esprits bien-pensants me dire que la France n’est pas l’Amérique ! Ils ont raison. Elle au moins, est pragmatique. Dimanche, devenons-le. Au moins en période de crise. Nous travaillerons plus pour gagner plus, sans forcément être sarkoziste, je vous rassure, au cas où cela générerait en vous une crise d’urticaire. Il y’aura bien un médecin du dimanche pour vous soigner, après un bon repas préparé au restaurant du coin par quelque courageux du septième jour.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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