L’inventeur de la carte à puce a tiré sa révérence. L’Histoire ne retiendra pas forcément qu’il part au moment où sa puce a, plus que jamais, le vent en poupe. Combien de milliards de cartes ont-elles libre cours aujourd’hui grâce à son coup de maître et de génie ? Que serait le téléphone sans cette innovation ? Probablement moins mobile. Que dire de la carte Vitale ou encore celle du professionnel de santé en France ? Pas grand chose sous leur forme actuelle. De la carte de crédit façon GIE Carte bancaire ? N’en parlons pas.

A travers son invention, Roland Moreno a tourné le dos aux pratiques de son temps pour imaginer un monde nouveau. Rupture. Tel est le mot qui caractériserait le mieux son innovation. Mieux, la carte à puce a introduit d’autres valeurs parmi lesquelles la liberté. Tel Einstein et sa théorie de la relativité, Moreno s’est montré toute proportion gardée, créateur, rebelle et libre. Devant la pensée unique ambiante, il a joué la … carte de l’alternative. Ce qui était jugé au départ comme hérésie pour certains est devenu une véritable innovation au service du quotidien ; aux applications sans cesse toujours plus nombreuses. Grâce à Moreno, l’Homme a trouvé le moyen de s’offrir les biens les plus chers, avec une simple carte de crédit. Bien entendu, la monnaie scripturale remplissait déjà cette fonction ; la sécurité en moins, toutefois. Aujourd’hui, malgré la montée en puissance de la cybercriminalité, la carte à puce introduit davantage de sécurité dans les transactions. Au point que même le géant American Express y vient. C’est dire à quel point le génie de Moreno bouleverse notre rapport au domaine du paiement. Et à bien d’autres terrains.

Qu’en est-il chez les porteurs de risques ? En dehors de l’Assurance maladie, l’adoption de la carte, y compris celle dite à puce, peine à se généraliser dans le secteur. Aux dernières nouvelles, « Duo Associé » ne répond plus, malgré des expérimentations conduites ici et là et réputées concluantes. Rassurez-vous, le génie de Moreno n’est pas en cause dans cet enlisement. Comme parfois, pour ne pas dire souvent, la “dimension politique” prend le dessus dans ce genre de dossier. Ne m’accusez pas de langue de bois, je n’ai tout simplement jamais compris l’acception de cette formule entre guillemets. Elle cache probablement une lutte acharnée pour le respect du pré-carré de certains, me souffle mon intime conviction.

Quoi qu’il en soit, par respect pour le défunt, recentrons notre propos sur l’avenir de la carte à puce. Un avenir qui garantit immortalité à Moreno. Un exemple ? Ils sont plusieurs millions à l’adopter, au moins pour téléphoner. C’est le cas, notamment en Afrique et dans les pays émergents, où le marché du mobile est en plein boom. Le hic est que beaucoup d’utilisateurs n’associent pas leurs usages à Moreno. Là-bas comme ici, d’ailleurs. Il en est souvent ainsi du destin des génies, longtemps ignorés de leurs contemporains et qui sont réhabilités à titre posthume.

Du reste, je ne m’étendrai pas ici sur le débat relatif aux retombées économiques de l’innovation de Moreno dont il n’aurait pas su/pu profiter. Car pour moi, l’immortalité n’a pas de prix. Même si pour ses héritiers, elle est loin d’être sonnante et trébuchante. Quoique !

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

Amae Martin
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