La Banque Centrale européenne (BCE) a abaissé son principal taux directeur (réfi) de 0,75 % à 0,5 %. Ce qui est inédit depuis l’entrée en vigueur de la monnaie unique. Cette opération vise à relancer la croissance dans une zone euro en proie à une crise sans précédent. Est-ce suffisant ? Eric Delannoy, vice-président de la société Weave, cabinet de conseil en stratégie opérationnelle n’y adhère pas.

La BCE a annoncé le 02 mai dernier la baisse de son principal taux directeur qui a ainsi atteint son plus bas historique, à savoir, 0,5 %. Il s’agit du taux qui sert au refinancement des banques. Mario Draghi, a déclaré à notre confrère le Monde que « cette décision avait bénéficié d’un « fort consensus » au sein du conseil des gouverneurs mais n’avait pas été prise à l’unanimité.

Cette revue à la baisse arrive dans une zone euro en proie à des difficultés économiques particulières et à des débats sur l’austérité vs relance portée d’un côté par le gouvernement et d’autre part différents mouvements politiques parmi lesquels le Front de Gauche, qui a réunit ses partisans dimanche dernier à Bastille.

Chez les opérationnels, le débat fait également rage à l’heure où le chômage bat des records. Nous retiendrons ici le point de vue d’Eric Delannoy, vice-président de Weave. Selon ce dernier, « la portée économique réelle de cette mesure est faible et traduit l’impuissance de la BCE à prendre les mesures nécessaires pour aider à la reprise de la croissance. » Pour cet économiste, « la baisse du taux directeur est un signal plus politique qu’économique ; il correspond à une mesure conventionnelle de la BCE dans son rôle principal de garantie de la stabilité des prix. Mario Draghi réaffirme ainsi l’indépendance de la BCE par rapport à une Allemagne qui était opposée à la baisse du taux directeur. Il donne un signe de confiance aux pays européens pour accompagner une éventuelle reprise. Il met en avant les freins à la reprise économique, qui sont spécifiques pays par pays. Ils portent sur l’incapacité à soutenir l’activité et le développement des PME ; pourtant en Europe, ces structures représentent 65 % des emplois et 55 % de la richesse créée, et dépassent largement le cadre d’interventions possibles de la BCE. Et pour satisfaire aux nouvelles exigences réglementaires, « les banques sont incitées à accumuler des liquidités et à limiter leur prise de risque. Cela les pousse à limiter les crédits à moyen terme aux PME en durcissant les règles d’octroi. Elles se désengagent d’une partie du financement à ces entités. D’autre part, le poids de la dette publique continue à augmenter du fait d’une difficulté à baisser les dépenses publiques et à mettre en œuvre les réformes structurelles. Dans le même temps, la hausse des impôts entrave la consommation quand la fiscalité sur les entreprises limite les possibilités pour les PME de se développer.

Ces différentes difficultés méritent un traitement autrement plus subtil que la baisse opérée par la BCE. C’est en tout cas le sentiment du VP de Weave : « c’est une gageure d’imaginer que la baisse de 0,25 point du taux directeur de la BCE puisse avoir un quelconque effet. La BCE devrait privilégier l’utilisation de la Banque Européenne d’Investissement comme bras armé du soutien des PME européennes et favoriser un assouplissement des ratios de liquidité et de fonds propres imposés aux banques par la réglementation Bâle III »

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

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