Paradoxal ! Au lieu de soigner, certains médicaments tuent. La liste de ces molécules assassines s’allonge au fil des mois. Jusqu’où ira-t-elle ? Pourquoi ces technologies censées sauver terrassent-elles ? Il y a là une interrogation dont on ne saurait plus faire l’économie. Acheter la mort quand on espère guérir ne devrait plus persister.

Il vaut mieux ne pas être sous traitement. Car il est difficile de savoir si la molécule absorbée tous les matins assassine à petit feu, au lieu de soigner. Pardon pour ceux que cette bafouille alarmerait. Il ne s’agit pas d’un message volontairement anxiogène. La nécessité de dénoncer des faits, qui coûtent bougrement à notre société en livrant la mort à la place de la santé, le justifie pleinement. Et le dispute à un silence complice. Les faits ? Ils sont là, désormais, rétifs. Accablants même pour l’industrie pharmaceutique. Avec ses lobbies tellement puissants qu’ils imposeraient les mises de certains médicaments sur le marché sans véritable autorisation scientifique, comme le souligne plus d’un de nos confrères. C’est en tout cas la source plausible des effets primaires et secondaires de certains médicaments mis à la disposition des patients en mal de guérison. Des exemples ? Au rythme actuel, l’unité ne sera plus la mesure de base. Cap sur la dizaine, si ce n’est déjà fait. Je vous rappellerai ici les effets dévastateurs du Médiator. Des effets qui continuent sur le terrain économique, les patients touchés ayant un mal fou à obtenir réparation. Comme si cela ne suffisait pas, Diane 35 frappe également les femmes qui l’ont utilisé comme contraceptif, en dehors des indications de l’autorisation de mise sur le marché (AMM). Que dire de l’usage de l’antirhumatismal rofécoxib ? Ses effets indésirables auraient été cachés au public. Bilan de cette fumisterie : plus de 10 000 morts, paraît-il. Un bilan qui nous rappelle les pires années d’insécurité routière. Les causes sont pourtant différentes. D’un côté, des voyous de la route, même si, parfois, il s’agit de bons pères de famille devenus brigands aussitôt assis devant leur volant ; de l’autre, des professionnels de la santé en col blanc et insensés ; ils sont pourtant censés nous vendre la santé à travers des molécules validées, certifiées et réputées salutaires. Du salut promis, ils propulsent en enfer. Parfois, après une phase terminale mettant à mal et la victime et les aidants, de véritables victimes collatérales.

Les ravages de cette industrie-là sont, pour le moins, inacceptables. Le hic est que malgré les dénonciations, rien n’y fait. Plus que jamais, le chien aboie, la caravane passe. Une caravane qui se porte fort bien. Et jouerait de sa puissance pour se livrer à des actes loin d’être dignes d’entreprises citoyennes : manque de transparence sur les données d’expérimentations, etc. Le pire est que cette donne pourrait persister. Au moins pour une raison : les pouvoirs publics ont abandonné la réalisation des tests cliniques de médicaments à l’industrie pharmaceutique. Dans ces conditions, inutile d’espérer un changement pour demain.

Les enjeux sont de taille : financiers. Et à ce tarif-là, quelques professionnels de l’industrie pharmaceutique (heureusement minoritaires) ont vite choisi leur camp. Quand on sait le chemin de croix suivi par les victimes sans garantie d’obtenir gain de cause, l’on comprend l’indifférence de ce secteur, quasi-assuré de vivre dans l’impunité. Tout en améliorant chaque année son bilan économique. Celui-là est plus important que sa version macabre. On ne change pas une formule qui gagne. Surtout en économie de la pharmacopée

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
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