L’annonce de la démission du Pape Benoît XVI aura un moment fait oublier le fameux scandale des conserves à la chevaline désormais taxé de Chevalgate. Il est vite revenu à la surface. Au galop.

Les médias ont cessé de hennir un moment. Tel le rituel silence, suivant la chaude alerte des téléscripteurs, les voix se sont tues. Abasourdies, les sirènes ont perdu leur tonalité. Il est vrai, ce Pape que beaucoup narguent, à souhait, a réussi à semer le doute et l’admiration dans les lieux de pouvoir. Et en dehors. Témoin dans les cafés du commerce, on n’a parlé que de cette leçon de courage. Abandonner le pouvoir ! Une belle ironie pour plein de maîtres en mal de pérennité. Tout juste inimaginable pour certains qui veulent plutôt revenir.

Le départ désormais acté du Saint-Père a eu, à son corps défendant, la puissance de taire un moment le scandale du « Chevalgate ». C’était sans compter avec la force de notre mémoire collective, qui s’alarme et vacille désormais à chaque « Bouffegate ». Vache folle ? L’Europe s’est mise à douter, vouant aux gémonies la viande bovine provenant d’outre-Manche. Fièvre aphteuse ? Nous voilà face au « Chevregate », vous diront les géniteurs de néologismes à tout va. Merci Richard Nixon et sa clique, qui les inspira en étant à l’origine de ce qui devint très vite le Watergate. D’un côté, un assoiffé de pouvoir ne reculant devant rien, surtout pas ses idées d’espionner ses compétiteurs pour les battre à plate élection ; de l’autre, des industriels de l’agro-alimentaire confondant viande de bœuf et celle de cheval mise dans des conserves vendues sur notre territoire européen où des millions de pauvres dorment affamés alors que les poubelles regorgent de restes de festins prêts à être sacrifiés sur l’autel de l’égoïsme. Quel point commun entre le contenu de nos assiettes et celui du programme secret de l’ancien homme fort politique américain ? Quel lien entre Watergate et … Chevalgate ? Aucun, à part la rapidité des mots. Ce mal de notre ère digitale pourtant censée faciliter l’accès à la connaissance et la diversité. Telle une traînée de poudre de la pensée unifiante, le vocable Chevalgate s’est propagé dans nos rédactions (la preuve, je vous en conte). Que de victimes a-t-il fait en quelques jours. C’est du « Humangate » qu’il s’agit, victimes collatérales du cheval qui a vite pris la place du bœuf dans son bocal de conserve.

Plus sérieusement, ce scandale doit interpeler notre société entière. Non pas parce que certains ont mangé du cheval à la place du bœuf. C’est un problème de riche. Ou presque. Car le plus dur est au bout de cette logique. Demain pourquoi pas du reptile à la place d’un civet de lapin même si dans certaines contrées il s’agit d’une denrée fort prisée ? Pourquoi pas un nouveau morceau de chair venant de tout animal à commencer par celui doté de la raison ? Il y va de la crédibilité des fournisseurs. Mais comme vous le savez, des véreux, il y en aura toujours, quelque habile soit notre système de traçabilité. Avant tout, l’homme restera au centre de nos pratiques. Rassurant et risqué à la fois.

Au-delà de cette Viandegate, n’oublions pas que nous vivons sur un Vieux continent qui ne sait plus nourrir tous ses enfants. Nous multiplions des programmes de bien-être y compris dans les contrats d’assurance. Nous parlons de conserves agrémentés de viande de cheval. Pour moi, le plus important est ailleurs. Dans notre mentalité façonnée par la cupidité. Une ladrerie qui pousse à gagner toujours plus, quitte à tuer ses clients avec une marchandise empoisonnée. Ce risque-là, les assureurs devraient réfléchir par plusieurs fois avant de le porter.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
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