L ‘année 2013 aura été marquée par de rudes batailles sur le théâtre des opérations de l’assurance santé. Vous l’aurez deviné, l’ANI aura été la principale pomme de discorde entre les tenants du statu quo ante et les partisans du changement. Malgré la dureté des combats, il faut savoir la page tourner. Et passer à l’opérationnel, une autre guerre qui ne dit pas toujours son nom. Moins de 18 mois après l’amnistie forcée, certains ont rechargé leurs armes.

Il était arrivé en douce, sans crier gare, cet Accord national interprofessionnel (ANI) sur la complémentaire santé. À l’instar de l’assassinat du prince ‎François-Ferdinand d’Autriche à Sarajevo, qui mit le feu aux poudres et embrasa le monde avec les conséquences que tout le monde sait, nul ne pouvait imaginer que cette réglementation-là allait enflammer le secteur de l’assurance. L’image est certes forte, mais elle correspond bel et bien à celle que les opposants à cette loi n’ont pas hésité à véhiculer : celle d’une hécatombe en termes d’emplois, si les clauses de désignations étaient maintenues. Nous ne reviendrons pas ici sur les détails et les différents soubresauts ayant émaillé l’entrée en vigueur de l’ANI et les soupçons de beaucoup, vis-à-vis du gouvernement qui aurait voulu, à tout prix, protéger une partie des combattants, si l’on croyait le camp d’en face. Constatons une réalité : la loi à été adoptée. Et nul, n’est sensé l’ignorer, fut-il porteur de risques ou courtier. Comme je l’ai déjà écrit, il faut savoir tourner la page, avaler les rancœurs, malgré l’amertume. Et faire un bilan de cette guerre pour se lancer dans la prochaine, plutôt commerciale, celle-là. Car toute hésitation et tout attentisme pourrait être synonyme de pertes de positions stratégiques.

Nous n’avons pas la prétention d’avoir été entendus. Mais force est de constater que cette idée fait son petit bonhomme de chemin. Chez les courtiers, famille qui craignait que les clauses de désignation provoqueraient la perte de plus de  35 000 emplois directs dans la profession, quelques-uns ont repris le chemin de la guerre commerciale : conception d ‘un plan stratégique pour conquérir le marché grâce à une nouvelle offre dédiée, renforcement de la plateforme de gestion en vue d’accueillir des partenaires dans le cadre de solutions de Business Process Outsourcing (BPO) sachant que tous les nouveaux intervenants, distributeurs et assureurs, sur ce segment, n’ont pas l’expertise requise pour gérer l’assurance collective. Quand bien même ils l’auraient, est-il sage de se lancer dans de gros investissements informatiques et humains pour un succès hypothétique ? Une bonne gestion du risque plaide ici pour une approche prudentielle, d’autant que l’offre de BPO existe. Et s’étoffe avec de nouveaux entrants. Voyez l’éditeur CSC, il vous dira, mieux que moi, les fondements d’une telle approche externalisée.

Parmi les initiatives déjà prises, l’une des plus éclatantes est certainement l’entrée de ViaSanté dans le giron du groupe AG2R La Mondiale. Mieux, cette marque devient “politiquement pour le moment” le porte étendard du pôle mutualiste de ce vaisseau amiral, les dimensions technique et fonctionnelle appelées à suivre après le blanc seing du régulateur. De l’aveu des partisans de cette opération, la volonté de maintenir les emplois côté ViaSanté n’est pas le moindre fait déclencheur de ce rapprochement qui va encore donner plus de punch au groupe de protection sociale dirigé par André Renaudin. Derrière ce tour de passe-passe stratégique, l’un des acteurs que certains ont voulu, à tort ou à raison, ce n’est pas le débat, affaiblir en luttant contre les clauses de désignation, apporte une réponse opérationnelle à ses opposants parmi lesquels les courtiers. Ces deniers pourront toujours se venger autrement  car on les sait très actifs sur les contrats collectifs. À eux d’exiger des contreparties conformes à leurs intérêts. Je pense au conditionnement de l’attribution d’une affaire à un porteur de risque si et seulement si ce dernier accepte de leur déléguer la gestion des flux en back-office. De bonne guerre.

Au-delà, l’exemple d’AG2R avec ViaSanté est-elle appelée à se propager telle une traînée de poudre et faire tâche d’huile ? Les prochains mois le diront. Il faudra aller vite. Car la combinatoire des partenariats n’offre pas de possibilités infinies.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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