Fini le risque d’investir dans des produits financiers toxiques… Une initiative propose de placer son argent dans du bétail. Un concept en tout point bénéfique, à la fois pour le secteur agro-alimentaire et pour l’investisseur.

Pour votre retraite ou afin de constituer une épargne pour vos enfants, il y a une solution porteuse et utile, créée en 1972 : l’investissement en cheptel. Comment ça marche ? D’un côté, les propriétaires du cheptel, qui souhaitent faire fructifier leurs économies ; de l’autre, des éleveurs, qui pourront ainsi développer leur exploitation sans augmenter leur endettement. Le propriétaire achète des têtes de bétail (des vaches laitières) avant de les confier au régisseur « Elevage et Patrimoine », qui, grâce au service d’une régie spécialisée, la société Gestel, les louent à un éleveur sélectionné. Une vache coûte 1 340 euros et le taux de rémunération est d’environ 4,2 % selon les chiffres de l’Afic (Association française d’investissement en cheptel) basée à Meyzieu dans le Rhône (69). L’Afic est la seule association dans l’Hexagone proposant ce genre de placement. A l’heure actuelle, environ 30 000 bêtes ont ainsi été investies, réparties dans 770 fermes françaises et appartenant à 1 200 investisseurs.

Une assurance décès, épidémies, maladies, accidents est obligatoirement souscrite par les éleveurs. Le propriétaire ne porte donc pas le risque de l’animal vivant : en cas de décès, l’assurance de l’exploitant lui remplace sa vache par une autre. Cependant, cette convention ne rembourse pas la mort naturelle de vieillesse ou la réforme pour autre cause (résiliation d’élevage ou insuffisance de lactation) : c’est pourquoi l’éleveur met chaque année une partie des génisses (jeune vache qui n’a pas encore mis bas) en renouvellement.

D’autre part, un dépistage des maladies contagieuses (tuberculose, brucellose) est obligatoire, chaque année, tout comme les vaccinations contre la fièvre aphteuse et la brucellose. Le lait est aussi contrôlé par les Syndicats de contrôle laitier départementaux, chaque mois. Enfin, toutes ces opérations sont réalisées sous le contrôle des services vétérinaires du Ministère de l’Agriculture.

Un secteur d’avenir

A l’origine de ce projet, Pierre Marguerit. Il a fondé la société d’investissement Afic en 1972, dirigeant d’Elevage et Patrimoine et de la société Gestel. Il a débuté sa carrière dans le secteur bancaire, à la banque Rothschild, dans l’investissement. Puis, a décidé de fonder cette entreprise d’investissement en cheptel : « J’appréciais le fait qu’un investissement serve à fabriquer du lait et de la viande ». A l’heure actuelle, avec le vieillissement de la population et l’accroissement démographique, investir dans le secteur agro-alimentaire paraît en effet indispensable. « La finance est comme le sang : elle irrigue l’économie. Si elle le fait dans un secteur utile, c’est une bonne chose. Mais si elle sert à spéculer, alors on court à la catastrophe… », conclut Pierre Marguerit. Pour cet entrepreneur original, les banques devraient se pencher sérieusement sur ce secteur car elles auraient tout à y gagner : à la fois en créant des fonds d’investissement commun et aussi car la situation des éleveurs leur serait profitable puisqu’en louant, plutôt qu’en achetant, les exploitants auraient ainsi une meilleure trésorerie et aucun capital à rembourser.

Margaux Duquesne ©CAPA Conseil

 Crédit : sxc.hu

Amae Martin
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