Par ces temps de pessimisme et de suspicion à tout va, la France vient une nouvelle fois de se distinguer sur l’échiquier international en perdant son triple A auprès de Moody’s, après avoir cédé une parcelle de son aura sur le même terrain auprès de Standard & Poor’s. C’était en début d’année. Vous ne vous souvenez plus ? A se demander si c’est bien grave de voir sa note dégradée quand on s’appelle la France. Pourtant, une telle décision peut, à terme, avoir un impact sur la montée en puissance des NEET.

Le système de notation scolaire nous avait habitués tous à raisonner en termes de moyenne, 10/20 valant passable. Dans la finance et la gouvernance économique mondiale, les agences de notation, vouées aux gémonies quand elles dévaluent et portées au pinacle quand elles réévaluent, ont la subtile idée d’aligner les A quand cela va bien. Pour un esprit simple comme le mien, « A » étant la première lettre de l’alphabet, il est logique qu’elle corresponde à 20/20. Eh ben non ! Il y a encore mieux : AA. Et toujours plus fort : AAA. Comme si cela ne suffisait pas, à ce barème viennent s’ajouter des perspectives, souvent négatives. Subtilité économique ? Futilité macro-économique, vous répondront certains parmi lesquels Sandy Campart, spécialiste de la finance. Directeur de l’IUP Banque Finance Assurance de Caen, il se veut formel, s’agissant de la dégradation de la note de l’Hexagone par Moody’s. Cette information « … ne semble émouvoir que nos représentants politiques qui y puisent une source d’affrontements stériles. De leur côté, les investisseurs savent depuis longtemps que la France n’enrayera pas en quelques mots son déficit de compétitivité et l’accroissement de sa dette publique ». Et de conclure à un « non-événement ». Rien que ça ! Car selon l’expert, la mauvaise conjoncture économique mondiale a pour corollaire une revue à la baisse de la notation des Etats. Les mêmes causes produisant les mêmes effets. Déterminisme ? Peut-être. Mondialisation ? Sûrement. Alors pourquoi tant de monde paraît surpris par cette nouvelle ?

Dans la foulée de la décision de Standard & Poor’s de revoir à la baisse la notation de la France, j’avais ici attiré l’attention de notre lectorat sur les impacts insignifiants au quotidien, d’un tel changement. A tout le moins dans l’immédiat. Notre vie a réellement peu changé ces onze derniers mois, du fait de cette nouvelle donne. Et la France a continué de vivre en empruntant sans difficulté particulière sur le marché. Toutefois, sa situation économique et celle de chacun de nous ne s’est pas particulièrement améliorée. Au contraire, beaucoup se font davantage de souci pour le devenir de leur épargne à l’heure où celui qui « aime les gens » veut à tout prix perforer le bas de laine de ceux qui ont eu la mauvaise et traitresse idée de jouer les fourmis. Il ne leur reste plus qu’à se replier sur le Livret A et le LDD. Au vu des performances de ces deux véhicules en octobre dernier, le message a dû passer. A côté de ces chanceux tout de même malmenés, une partie de notre population se paupérise davantage dans cet environnement marqué par la perte du triple A. Avec pour corollaire dramatique, la naissance des NEET, (Not in Education, Employment or Training, ndlr). En bon français, traduisez, ni étudiant, ni employé, ni stagiaire. Cette frange de la population marginalisée, qui se démultiplie rapidement dans l’Hexagone, pourrait davantage souffrir de la baisse de notre note. Car à terme cela signifie moins de dynamisme économique et donc moins d’emplois. De ce point de vue, pour ces NEET-là, la bérézina n’est pas loin. Pensez-vous qu’ils se moquent de la perte du triple A ? Je vous le donne en mille : Absolument. Pourtant ce devrait être Niet !

Emmanuel Mayega
Rédacteur en Chef

 

Amae Martin
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