Par Emmanuel Naudin, RVP Sales – EMEA, Guidewire

Trois décennies après les premiers réels débats sur le recours aux progiciels vs développements spécifiques, la donne semble changer sur le terrain avec l’arrivée de nouveaux outils robustes, en phase avec les attentes des assurés et surtout celles des assureurs. La tribune du RVP Sales-EMEA de Guidewire, montre, pourquoi la mayonnaise prend, si l’on en juge d’après les références engrangés ces dernières années (Macif, Groupe Covéa, etc.), par la plate-forme de cet éditeur, là où beaucoup de fournisseurs mordent – ou ont mordu- la poussière. Bonne lecture.

Le directeur de la rédaction

 

Présent depuis maintenant une vingtaine d’années pour les fournisseurs de solutions IT, le dilemme « build versus buy », également appelé « développement interne versus progiciel », touche également les acteurs de l’assurance. Cependant, ces derniers souhaitent encore en majorité privilégier  la culture de l’entreprise en utilisant des outils informatiques qui lui correspondent, et se tournent plus volontiers vers des solutions développées en interne. Ce constat est confirmé par les chiffres du secteur : plus de 75% des assureurs IARD français utilisent ce modèle (38 sur 50).

 

A l’image des autres pays européens, les assureurs en France disposent d’équipes IT particulièrement nombreuses. Les assureurs dédient plus de la moitié de leur budget IT dans la maintenance et le fonctionnement de leurs systèmes, afin de conserver une maîtrise de leur patrimoine informatique. En revanche, cette pratique vient obstruer leur capacité à innover au sein même de leur cœur de métier, cette part du budget étant bien trop importante.

 

Pour conserver à la fois flexibilité et maîtrise de ses propres règles de souscription, les assureurs peuvent à contrario se tourner vers un progiciel standard mis à disposition par un éditeur spécialisé, tout en maintenant leur position vis-à-vis de leurs concurrents. L’intérêt de cette acquisition est double : économique, mais également technologique puisqu’il n’y a plus besoin de construire ses propres solutions et plateformes pour soutenir l’activité.

 

Une stratégie technologique à définir pour faire le meilleur choix

La mise en place d’une stratégie technologique à long terme permet ainsi d’aiguiller les entreprises dans le choix du « build vs buy ». Cette décision dépend essentiellement de la façon dont l’assureur utilise la solution, et non de la manière de construire le système (le fait que le système soit par exemple dans le cloud n’a pas d’importance). De façon très stratégique pour son business, l’assureur doit choisir entre dédier une partie de ses investissements à la production et la maintenance de solutions logicielles internes, ou privilégier son cœur de métier en faisant appel à des pure players chargés des processus courants et non différenciants.

La première solution est généralement utilisée par de grands acteurs de l’assurance , ou des entreprises ayant une maîtrise et une aspiration technologique avec des équipes IT appropriées, et susceptibles de se mesurer aux mastodontes de la tech en matière de produits et d’innovation. Le Crédit Mutuel en est un bon exemple en France.  En revanche, le modèle “built in-house” nécessite une organisation et une expertise élevées, et ce de façon constante.

Comme les assureurs ne sont initialement pas spécialisés dans les logiciels, le choix du second modèle consistant à privilégier des solutions logicielles fournies par des acteurs externes fait davantage sens. Ce choix leur permet ainsi de se focaliser sur le principal : garantir l’équilibre entre risque et coût, et accélérer leur transformation numérique, le tout au service de leurs clients.

Innovation et accélération de la vitesse d’exécution grâce à un progiciel

Pour accélérer le transfert d’un système hérité vers le nouveau, le choix d’une solution logicielle externe est particulièrement adapté et permet aux assureurs un gain de temps considérable qui se comptent en années, au niveau du déploiement et des résultats obtenus. De grands acteurs du secteur tels que Macif, Covéa et Natixis partagent ainsi cette expérience positive, en matière d’accélération de la vitesse d’exécution.

Pour bénéficier d’une agilité informatique accrue et, par conséquence, d’une plus grande agilité commerciale, les assureurs font le choix d’un progiciel qui leur donne un accès durable à l’innovation et aux travaux de R&D des acteurs spécialisés, les accompagnant ainsi à accueillir de nouveaux business models au sein même de leur système. Macif a notamment été convaincu, il y a deux ans, par cette vitesse d’innovation, dans le but de déployer ses produits IARD pour d’autres systèmes et marques. Quant à Natixis, en seulement deux ans, l’entreprise a entièrement construit son nouveau système de gestion des sinistres, undélai raccourci rendu possible grâce à l’utilisation d’un progiciel externe. Ce choix est adopté par un nombre grandissant d’assureurs qui prennent une nouvelle direction à l’aide d’une stratégie multicanale ; pour que celle-ci réussisse, il faut toutefois s’appuyer sur des systèmes informatiques ouverts, avec la création de nouveaux API et l’intégration d’autres partenaires au sein de la chaîne de valeur. Un procédé qui se fait au détriment des systèmes initiaux, n’ayant à la base pas été créés avec cet objectif.

Finalement, à l’échelle globale du secteur de l’assurance, le choix du modèle « buy » permet de répartir et d’amortir les coûts colossaux de développement des applications logicielles d’entreprise sur plusieurs années et sur un grand nombre de clients, au lieu de se focaliser uniquement sur un seul projet ou assureur.

Le dilemme auquel les assureurs doivent faire face, entre l’achat d’une solution logicielle externe et le développement de leur propre solution interne, est un sujet plus que d’actualité : les acteurs du secteur doivent réfléchir et se positionner durablement dès maintenant. Un troisième choix vient cependant complexifier ce dilemme : le modèle de l’abonnement au détriment d’une acquisition classique. Ce nouveau choix s’inspire du modèle « as-a-Service » adopté par de nombreux secteurs actuellement. On parle ici du « buy versus subscribe », c’est-à-dire l’utilisation de progiciels issus d’un fournisseur spécialisé selon le modèle de consommation as-a-service. Ce nouveau modèle permet ainsi d’utiliser les logiciels les plus avancés dans l’IARD et de ne plus devoir assurer soi-même les actions de maintenance, de provisioning, de mise à jour de versions, et remet le cœur de métier des assureurs au centre des préoccupations : évaluation du risque, souscription, service client et gestion des sinistres.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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