Ce que l’on appellera désormais l’affaire Varin, du nom du président du directoire de PSA qui devait bénéficier d’une retraite chapeau d’un montant de 21 millions d’euros, vient de relancer la polémique autour de cet avantage exceptionnel des patrons de grandes entreprises. A l’heure de se serrer la ceinture, les Français y sont opposés, eux qui ne savent même pas s’ils auront droit à une retraite. Ils risquent d’être comme les hommes de 50 ans sans Rolex.

Philippe Varin et sa retraite chapeau font l’unanimité dans le public. Un récent sondage BVA pour i>Télé et Le Parisien/Aujourd’hui en France rendu public le week-end dernier, montre que nos compatriotes, tous bords confondus, et, surtout, quel que soit leur niveau de rémunération, votent majoritairement contre les retraites chapeaux. L’enquête ne dit pas si les 20 % de personnes interrogées et opposées à une loi réglementant cet avantage sont plutôt des chefs d’entreprises. Quoi qu’il en soit, ces derniers gardent paradoxalement une bonne image auprès de l’opinion, toujours selon ce sondage.

Une hypothèse plausible à ce stade : la population loue leur rôle de Capitaine-courage et de managers vertueux. Mais blâment leur voracité. Super men adulés ; gourmands voués aux gémonies. Injuste. Car tout effort mérite récompense à sa hauteur. Et ces managers-là n’ont parfois pas de vie de famille. Pendant longtemps. Pour autant, doivent-ils bénéficier de mannes aussi importantes que celle du patron de PSA ? Et par quel temps ? Quand la Confédération générale du travail (CGT) lève le voile sur les quelque 21 millions d’euros provisionnés en vue de verser à Philippe Varin, son PDG, la coquette somme de 310 000 euros annuels sur vingt-cinq ans après son départ du groupe, le secret bouleverse beaucoup parmi nous. Mon Dieu ! Comment font-ils ? L’entreprise serait-elle en super bon état qu’une telle révélation laisserait indifférent. Et sonnerait comme une prime à une merveilleuse gestion. Là, il ne s’agit plus de retraite chapeau mais d’une véritable retraite sombrero. Larges bords qui aideraient son heureux élu à couler de jours heureux là où il l’entend, en se tournant les pouces. Il n’en est rien. Le contraire est même dans les esprits échaudés des collaborateurs de ce groupe. Période de vaches maigres oblige, les salaires viennent d’être gelés. Résultat : la nouvelle met le feu aux poudres dans l’entreprise. Avec ce que cela signifie à terme comme manque à gagner supplémentaire. Que faire ?

La France, grande nation industrielle peut-elle se permettre d’attirer et de conserver de grands talents sans s’aligner sur les pratiques de ses concurrents ? Beaucoup d’entrepreneurs et de managers se voient offrir de véritables ponts d’or pour intégrer telle ou telle structure internationale. Comment pouvons-nous résister à ces « Best practices » non écrites qui régissent le code international des affaires ? Je suis conscient que les bénéficiaires de retraites chapeau aimeraient savoir en moi un exceptionnel avocat général que je ne suis pourtant pas. Je trouve irresponsable et inadmissible que certains managers soient attachés à leur sort personnel alors même que leurs salariés peinent à se soigner du fait d’une incapacité à s’offrir une complémentaire santé couvrant tous leurs besoins (le reste à charge de beaucoup est de plus en plus lourds sur le tiers payant complexe notamment). Il faut donc trouver une solution. Que les entreprises privées prennent donc leurs responsabilités en résolvant en amont ce problème qui les concerne. Le cas échéant, la pression étatique serait plus grande, ne serait-ce que pour faire plaisir aux 70 % des sondés de BVA pour i<Télé, qui souhaitent une loi plafonnant la rémunération des patrons “à un maximum de 12 fois le salaire le plus bas dans leur entreprise”. Mais au fait, sur quelle base a été retenu un tel coefficient multiplicateur ? Allez savoir ! Les mêmes qui en appellent à l’Etat sont les premiers à le juger trop interventionniste. Il faut savoir. Où placer le curseur, par exemple.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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