Selon une étude du Limra, un cabinet de recherche international, les compagnies d’assurance américaines se retirent progressivement du marché de l’assurance dépendance, invoquant un risque de plus en plus difficile à maîtriser dans un contexte de taux d’intérêt bas.

Les unes après les autres, les grandes compagnies d’assurance américaines quittent le marché de l’assurance dépendance. MetLife s’en est retirée en 2010, suivie par Unum Group qui a annoncé février 2012 son intention de cesser de vendre des contrats collectifs.

Le dernier en date est Prudential Financial qui envisage à son tour d’arrêter la production et la commercialisation des contrats individuels. Avec ce retrait, ce sont au total dix des vingt premiers groupes d’assurance qui auront quitté le marché de la dépendance au cours de ces cinq dernières années.

Pour Malcolm Cheung, vice-président de Prudential Financial, la décision de son groupe de se retirer du marché s’explique par la grande incertitude entourant l’ampleur des sinistres futurs, ainsi que par la persistance d’un contexte de taux d’intérêt bas.

Typiquement, les Américains commencent à se couvrir contre le risque de dépendance à l’âge de la cinquantaine ou au début de la soixantaine. Selon le Limra, la prime annuelle moyenne s’élève à 2 350 USD pour un couple âgé de 55 ans, et à 4 660 USD pour un couple âgé de 65 ans. Ces primes sont versées sur une période allant de vingt à trente ans avant la survenance éventuelle de la dépendance. Une période suffisamment longue pour permettre à l’assureur de constituer les réserves nécessaires qui serviront à payer les sinistres.

Or, dans le contexte actuel de taux d’intérêt bas, les revenus financiers générés par ces réserves se révèlent d’autant plus insuffisantes que le nombre de sinistres ne cesse d’augmenter. C’est donc la conjonction de ces deux tendances qui conduit les assureurs à vouloir se retirer du marché, à moins que les autorités de régulation ne les autorisent à augmenter sensiblement les primes des contrats en portefeuille.

Selon le Limra, les primes collectées au titre du risque dépendance ont progressé de 4 %, alors que le nombre de souscripteurs a reculé de 2 % à 230 000 clients.

Certains assureurs continuent cependant d’opérer sur le marché soit en augmentant fortement les primes pour les affaires nouvelles, soit en excluant les couvertures viagères, se limitant à des durées de garanties comprises entre trois et quatre ans.

De leur côté, pour contrer la hausse des primes, les assurés limitent à l’achat d’une seule couverture pour le couple. En cas de dépendance, les prestations sont versées à l’un ou l’autre conjoint, ou partagées entre les deux.

En France, le président-candidat envisage, s’il est réélu, de rouvrir le chantier de la dépendance en 2013 « quand le déficit public sera ramené à 3 % du PIB », a-t-il déclaré. Son projet de réforme exclurait a priori le recours à l’assurance privée. « J’ai pensé à un moment qu’on pouvait s’en sortir avec la dépendance en rendant l’assurance obligatoire et puis je me suis rendu compte qu’il n’y a aucun assureur qui était prêt à assumer. Donc la question de l’assurance privée pour faire face à cela, ce n’est pas possible », a-t-il ajouté lors d’une intervention télévisée.

Mohamed Fadili ©CAPA Conseil

 

Amae Martin
A propos de l'auteur

Site web :

Newsletter

Vous n'avez pas le temps suivre l'actualité ? Découvrez nos newsletters gratuites, quotidiennes ou hebdomadaires.

Inscription Newsletter


Le Mensuel

Chaque mois, un regard éclairé et sans concession sur l'actualité de l'Assurance, de la Banque et des Services Financiers.

Découvrir le magazine