On le clame partout dans les milieux bien pensants, le cancer est une cause nationale depuis la présidence Chirac. Au fil des ans, les plans en la matière se succèdent. Faute de prendre le mal à la racine, à chaque mandat présidentiel correspondra un nouveau. Pour sûr. Pessimisme ? Réalisme.
Sur fond de nouvelle reculade sur la politique de la famille, l’équipe de François Hollande aurait, nous dit-on, avancé cette semaine. Ah bon ?! Sur quel terrain ? Sur celui de la lutte contre le cancer. Troisième du genre, son plan en la matière se veut offensif sur le papier, à l’image de l’expansion réelle de cette pathologie qui ne cesse de tuer partout dans le monde et tout particulièrement dans les pays en développement. Songez-y, chaque année, plus de  5 millions de personnes sont concernées, de près ou de loin par ce fléau dans notre pays. Et 150 000 en meurent annuellement. Il faut faire quelque chose. Avec force et fracas, l’ancien maire de Paris devenu Président de la République avait donc posé les bases d’une logique de Plans cancer sur lesquels viennent s’empiler les moutures successives. Sarkozy avait eu le sien. Et pourquoi pas François Hollande ? La question n’est désormais plus d’actualité, l’actuel locataire de l’Elysée ayant présenté le sien.

Sa feuille de route ? Tout aussi ambitieuse que celle de ses prédécesseurs. Sinon davantage. Sa particularité ? Elle cible les inégalités devant une pandémie qui n’épargne personne, surtout pas les plus démunis. Ceux-là même qui n’arrivent pas à consommer cinq fruits et légumes par jour en vue de prévenir le cancer, ce d’autant que la hausse de la TVA à 20 % contribue fortement à réduire leur pouvoir d’achat. Merci monsieur le Président. Merci, quoi qu’il en soit, puisque votre plan vise à guérir  tous les malades cancéreux, malgré les inégalités.

Le président l’a rappelé, cette pathologie à davantage raison des ouvriers entre 30 et 65 ans que les cadres de cette tranche d’âge. Il tue deux fois plus les premiers. Ceux-là même qui ont du mal à se faire dépister, à l’instar de toutes les autres catégories sociales défavorisées qui se paupérisent du fait d’un autre cancer qui les ronge : le chômage dont la courbe ne sera pas inversée en 2013. Disons-le clairement, la volonté d’égalité ici relève de l’utopie. Les pauvres auront toujours du mal à manger équilibré et seront toujours, de ce point de vue exposés aux risques du cancer.

Il n’empêche, le Président a promis des mesures à la hauteur des difficultés à les appliquer. Mesdames, le frottis sera généralisé. Et réalisé chaque année. Objectif, dépister le cancer du col de l’utérus, ce qui devrait permettre de réduire la mortalité de 30 % en dix ans. Pour mémoire cette forme de cancer touche 3 000 femmes pour 1 100 décès annuels. D’autre part, ce troisième plan cancer prévoit une prise en charge complète du dépistage et des examens complémentaires sans avance de frais et un suivi spécifique pour les personnes ayant des antécédents familiaux de cancer sera mis en place. On applaudit, en attendant de (sa)voir comment tout cela sera financé. Car rappelons-le, les Caisses de l’Etat sont vides et les Pouvoirs publics se désengagent de plus en plus de la Sécurité sociale dont on connaît le caractère béant du fameux Trou.

En revanche, il est des mesures de ce plan qui semblent relever du manque de réalisme et au bas mot de l’amateurisme. Le mot est-il fort ? Je ne le crois pas. Quand le Président promet de ramener les délais moyens pour passer un IRM de  27 jours à pas plus de 20 jours, permettez-moi de douter. Car généraliser les équipements lourds ne peut être réalisé par un coup de baguette magique. Demandez à un éminent Pr de radiologie et longtemps patron des Journées françaises de Radiologie (JFR), il vous le confirmera, les oukases ne suffiront pas à rattraper le retard que notre pays à acquis dans ce domaine par rapport à nos voisins. Et pour cause, les Schémas régionaux d’organisation sanitaires(Sros) qui se sont succédé ont jugé bon de délivrer au compte-gouttes les autorisations d’installation de ces équipements. Souffrez Mr le Président, votre délai ne sera respecté. Pas plus que celui du déploiement du dossier de cancérologie que vous appelez de vos vœux. Commençons par généraliser le fameux DMP qui devait être opérationnel en juillet 2007, m’avait affirmé alors Xavier Bertrand, ministre de la Santé. Enfin, la prévention doit être la règle, que ce soit pour le tabac et les cancers associés, comme pour ce que nous mangeons. Que les pouvoirs publics sévissent déjà contre les lobbies de ces industriels, et nous aurons largement avancé.

 

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

Twitter LinkedIn Google+


Newsletter

Vous n'avez pas le temps suivre l'actualité ? Découvrez nos newsletters gratuites, quotidiennes ou hebdomadaires.

Inscription Newsletter


Le Mensuel

Chaque mois, un regard éclairé et sans concession sur l'actualité de l'Assurance, de la Banque et des Services Financiers.

Découvrir le magazine