L’enquête Mercer 2015 sur le risque dépendance confirme les difficultés d’une cinquième branche de l’assurance qui peine à démarrer.

L’étude part d’un constat : la dépendance constitue un enjeu social de grande envergure. Il s’agit d’un risque complexe à définir, car n’étant pas couvert par la Sécurité sociale. Du coup, la question de la prise en charge de l’autonomie devient un enjeu fondamental pour notre société puisqu’elle n’est pas financée par l’Etat sachant que la création d’une 5ème branche de la protection sociale portant sur le risque dépendance n’est pas à l’ordre du jour.

Reste aux entreprises de s’emparer de cette question. Où en sont-elles ? Selon Mercer, même si 85 % des Français pensent actuellement qu’il est important de s’en prémunir, « 71,4 % avouent ne pas être couverts financièrement contre la perte d’autonomie et 74 % des entreprises participantes à l’étude estiment leur niveau de connaissance sur le sujet  particulièrement faible et expriment un besoin réel d’informations. »

D’autre part, les entreprises ayant déjà pris une couverture dépendance déclarent avoir une politique axée prioritairement sur l’amélioration des couvertures de protection sociale de leurs collaborateurs (100 % d’entre elles) et sur l’innovation (75 %). Celles non dotées d’une assurance de ce type veulent certes améliorer la protection sociale des salariés, mais aussi maîtriser les coûts associés et travailler sur des leviers en prévision des Négociations Annuelles Obligatoires (NAO).

Autre enseignement, 60 % des entreprises déclarent « avoir des difficultés à appréhender le coût des garanties dépendance et sont incapables d’estimer la part de budget qu’elles seraient prêtes à allouer à la couverture dépendance. Pour autant, elles pensent que la solution dépendance à apporter aux salariés devrait être la plus complète possible, et couvrir le salarié dans son rôle de dépendant comme dans son rôle d’aidant familial. »

Le budget reste le premier frein au déploiement opérationnel des régimes (90 % des cas). Ainsi, pour plus de la moitié des entreprises du panel, la prise en charge de la dépendance reste un projet à plus ou moins long terme. Paradoxalement, les entreprises énoncent un manque d’intérêt des salariés pour ce type de produit, d’où un réel besoin d’informations et d’échanges.

Mercer

 

Selon Camille Mosse, consultante au sein de Mercer, « la dépendance a, et aura de plus en plus de conséquences directes sur la vie des salariés et donc de l’entreprise. Même si le sujet reste peu ou mal appréhendé, voire même parfois tabou, nous serons tous un jour confrontés à ce risque de près ou de loin, soit en tant que future personne dépendante, soit en tant qu’aidant familial. Il est donc nécessaire d’anticiper cette situation et d’organiser la prise en charge financière et l’accompagnement de l’assuré si le risque devait survenir.» Et d’ajouter : « alors que le développement de l’assurance privée pour couvrir ce risque est encore limité, nous accompagnons les entreprises et les aidons à se responsabiliser face à ce sujet crucial. Il y a un enjeu fort de pédagogie et de mise en avant des bénéfices de ces couvertures. Ainsi, si un nombre croissant d’entre elles veulent intégrer la dépendance dans leur stratégie de protection sociale et de politique RH, il n’en demeure pas moins que le financement de cette couverture reste à étudier : l’équation économique doit être bien pesée pour ne pas surcharger les comptes de l’entreprise. »

Après le flop du gouvernement Fillon sur la réforme de la dépendance, l’équipe de Jean-Marc Ayrault avait promis apporter des solutions à la problématique de la dépendance. Statu quo. Pour l’heure, rien n’a encore changé sur le front d’un risque qui pèse, avant tout, sur les aidants familiaux.

Méthodologie :

Cette enquête a été réalisée par Mercer auprès d’un panel de 80 d’entreprises françaises de toutes tailles et de tous secteurs d’activité entre novembre et décembre 2014.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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