Jamais matière n’aura tant  préoccupé les citoyens. L’intelligence artificielle a toujours suscité débats et peurs dans la société. Sur la place de l’homme et son rôle à côté d’elles. Sa nouvelle montée en puissance ne laisse pas indifférent.

Dans le cadre du débat organisé à ce sujet par le Sénat, Olivier Cadic, représentant des Français de l’Etranger, s’interroge sur son impact sur le marché du travail, question qu’il estime être l’une des plus importantes. Et de mettre en exergue les deux visions qui s’affrontent, aujourd’hui, pour y répondre : une vision malthusienne et une vision schumpéterienne. Selon l’une, pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, la révolution technologique actuelle détruirait plus d’emplois qu’elle n’en créerait. Pour la première fois, il n’y aurait pas de destruction créatrice. Ce qui semble attesté par certains chiffres : en septembre 2013, deux chercheurs d’Oxford, Frey et Osborne, estimaient que 47 % des emplois aux Etats-Unis pourraient être remplacés à terme par un ordinateur. C’est sur cette vision que se déploient toutes les théories du revenu universel garanti.

Et le sénateur de rappeler que « cette vision, ce n’est pas la mienne. Parce qu’il ne faut pas se cantonner à une conception statique et quantitative de l’emploi. Certes, la révolution numérique sera aussi fatale aux cols blancs que l’automatisation industrielle l’a été aux cols bleus. » Mais les cols d’or arrivent ! La « Creativ class », comme l’a appelé le professeur de Columbia Richard Florida. C’est aussi ce que veut dire le spécialiste de l’IA qu’est Laurent Alexandre en expliquant que les métiers de demain devront être complémentaires de l’IA. Le cabinet d’études McKinsey a identifié, dans un rapport de mai 2013, douze technologies porteuses de nouvelles compétences. Des millions de nouveaux métiers d’avenir se profilent. Le défi pour la puissance publique est de les identifier pour informer et former. Monsieur le Ministre, comment notre pays s’y prépare-t-il ?

Quant à Michèle Vullien, sénateur du Rhône : « On ne pense pas spontanément aux transports quand on parle d’Intelligence Artificielle. Pourtant, l’IA pourrait bien les révolutionner. Les navettes autonomes peuvent transformer radicalement les politiques de la mobilité. Elles ouvrent des perspectives inédites pour garantir une meilleure continuité du service public des transports. »

Et d’ajouter : « Dans l’espace bien sûr. Notre Haute assemblée ne peut qu’être sensible au potentiel de telles navettes pour desservir les centres villes historiques et la ruralité profonde. Des navettes de rabattement en zone rurale pour connecter un mode lourd seraient d’une grande utilité. »

Mais la navette autonome peut aussi améliorer la continuité du service public dans le temps avec des transports publics fonctionnant à des horaires atypiques, par exemple pour le personnel d’entretien des parcs d’affaires ou desservir des bouts de ligne en soirée.

Déjà aujourd’hui des solutions de véhicules autonomes commencent à émerger. L’exemple lyonnais de la navette autonome NAVLY qui fonctionne sur le quai dans le nouveau quartier de la Confluence est ainsi intéressant à suivre.

Elle s’interroge : « Mais la règlementation actuelle ne permet pas aux collectivités de mettre en œuvre librement ces expérimentations. Madame la Ministre, réfléchissez-vous déjà à l’adaptation de ce cadre juridique ? Plus globalement, comment les assises de la mobilité et le projet de loi d’orientation qui en découlera prendront-ils en compte cette évolution technologique majeure ?

On le voit, le débat reste ouvert.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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