Après la campagne organisée par Greenpeace, accusant quelques géants de l’Internet d’utiliser des technologies énergivores et polluantes, Microsoft, l’une des entreprises épinglée, a annoncé sa volonté de devenir neutre en carbone d’ici l’année prochaine. Grande ambition, grands moyens ?

« La quantité de données numériques circulant sur le Net devrait être multipliée par 50 d’ici à 2020. » Or, les investissements dans ce domaine ne font qu’augmenter : « On estime que près de 500 Mds USD seront injectés dans le secteur au cours de l’année à venir ». Parti de ce constat, en avril dernier, Greenpeace organisait une grande campagne internationale intitulée « Votre Cloud est-il net ? »* (« How dirty is your data ? »). L’occasion pour l’ONG de publier un rapport** expliquant pourquoi et comment le Cloud computing est polluant.

Le Cloud compunting est alimenté par des data centers (des centres de données), qui abritent des milliers d’ordinateurs stockant et gérant toutes les données « prêtes-à-consommer ». Ces machines consomment une très grande quantité d’électricité, « l’équivalent d’environ 250 000 foyers européens pour certains d’entre eux », selon le rapport. Ce dernier explique que les géants du Net regroupent leurs fermes de serveurs dans les mêmes zones géographiques, ce qui entraîne une forte demande en électricité, énergie produite à partir du charbon ou du nucléaire. En outre, dans les pays en fort développement, comme l’Inde, le Cloud est devenu l’un des moteurs de la demande en diesel, utilisé pour alimenter les groupes électrogènes à grande capacité. « Si les entreprises high-tech continuent de dépendre de sources d’énergie polluantes, le Cloud pourrait finir par avoir un impact désastreux sur notre planète et ses habitants », s’inquiètent les auteurs du rapport.

Si certaines entreprises sont montrées en exemple comme Google, qui investit massivement dans les énergies renouvelables et signe des contrats à long terme avec des fournisseurs d’électricité propre, d’autres multinationales sont sérieusement critiquées par l’ONG de défense de l’environnement avec, en haut du podium, Microsoft, Apple et Amazon. En effet, quatorze entreprises leaders du Cloud compunting sont passées au crible par le rapport qui analyse leur consommation, et d’autres paramètres. « Les entreprises ne doivent pas uniquement se contenter de surveiller leur consommation d’électricité : elles doivent aussi se demander d’où provient l’électricité qu’elles consomment ».

La riposte de Microsoft

Il n’aura pas fallu longtemps à Microsoft pour riposter suite à la campagne de Greenpeace. L’entreprise de Bill Gates a fait savoir qu’elle avait l’ambition de devenir neutre en carbone l’an prochain. Ainsi, un responsable de Microsoft a affirmé que l’entreprise favorisera les énergies renouvelables (EnR) et réduira ses émissions de carbone. Sa démarche à court terme vise plutôt la compensation carbone, c’est-à-dire, le financement de projets qui génèrent des économies d’émissions dans des proportions similaires à celles réalisées par ailleurs. Investir dans des structures, intégrer de nouvelles technologies de gestion de l’énergie, parier sur les énergies renouvelables… tels sont les objectifs que s’est fixés la firme américaine.

En réponse, Greenpeace a évoqué « une bonne première étape » mais demande à Microsoft de réaliser une vraie mutation vers les EnR, plutôt que de parier sur la compensation qui, selon l’ONG, est vue comme une « solution de facilité » puisqu’elle ne correspond pas à un changement de pratique de l’entreprise.

Margaux Duquesne ©CAPA Conseil,

*http://www.greenpeace.org/france/fr/clean-our-cloud/
**http://www.greenpeace.org/france/PageFiles/300718/Votre%20cloud%20est-il%20net.pdf

Crédit : FreeDigitalPhotos.net

 

Amae Martin
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