Une étude de la Banque Mondiale révèle les chiffres de l’exclusion bancaire, un phénomène qui touche principalement la population la plus pauvre.

Les trois quarts des habitants de la planète vivant avec moins de deux dollars par jour n’ont pas accès aux services bancaires de base, selon une enquête de la Banque Mondiale publiée récemment*. Ainsi, 2,5 milliards de personnes dans le monde n’ont pas de compte bancaire. Seuls 22 % de la population adulte affirment avoir économisé de l’argent auprès d’institutions officielles durant les douze derniers mois. Parmi ceux qui possèdent un compte bancaire officiel, 43 % l’utilisent pour épargner, 61 % s’en servent pour recevoir des paiements de leurs employeurs, de l’Etat ou de membres de leur famille résidant ailleurs.

En l’absence de compte bancaire, certaines populations n’ont d’autre choix que d’épargner « sous le matelas ». Selon Asli Demirguc-Kunt, directrice chargée des politiques du développement, « les gens ont plus de mal à épargner, sans parler du recours au crédit, à l’assurance et aux outils financiers complexes. » Aussi, certains « exclus bancaires » peuvent faire appel à des usuriers qui facturent fréquemment des frais élevés, selon le rapport de la Banque Mondiale, qui ajoute qu’ils ont aussi moins de possibilités de démarrer leur propre entreprise ou de s’assurer contre les imprévus.

Autre constat : les femmes sont désavantagées dans l’accès aux services financiers par rapport à la gente masculine : dans les pays en développement, elles sont seulement 37 % à disposer d’un compte, contre 46 % pour les hommes. L’écart est plus important encore pour les populations les plus pauvres : les femmes vivant avec moins de deux dollars par jour ont 28 % moins de chance que les hommes de posséder un compte en banque.

Deux tiers des interrogés désignent la pauvreté comme facteur de l’exclusion bancaire ; un tiers évoque, quant à lui, le coût de l’ouverture et du maintien d’un compte ou l’éloignement des établissements bancaires, comme frein à l’accès aux services financiers.

La parade mobile

Face à ce vide de services bancaires à combler, de plus en plus de transferts monétaires s’effectuent via des téléphones mobiles : « une forme de services bancaires non traditionnels de plus en plus populaires qui évite souvent aux utilisateurs de se déplacer ou d’ouvrir un compte dans une banque classique », précise l’enquête. En Afrique subsaharienne, par exemple, 16 % des adultes règlent des factures, effectuent des dépôts ou d’autres transactions par SMS. Et c’est au Kenya que cet essor est le plus spectaculaire : 68 % des habitants utilisent leur téléphone portable pour réaliser des transactions monétaires.

Margaux Duquesne ©CAPA Conseil

*Enquête réalisée en 2011, auprès de 150 000 personnes, dans 148 pays. Ces chiffres vont alimenter la base de données Global Findex, qui a pour thème l’accès aux services financiers dans le monde.

Amae Martin
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