D’enquêtes en études, la vérité s’étale sous nos yeux. Choquante. De plus en plus de Français renoncent aux soins, faute de moyens.

Pour des raisons économiques, certains de nos compatriotes ne se soignent plus. Ils seraient ainsi plus de 3 millions à ne plus se rendre  chez le toubib, pour des raisons économiques. Paradoxal. Car notre médecine se développe de plus en plus et propose des soins efficaces avec, pour corollaire, l’allongement de la durée de vie. Comment expliquer une telle situation ?

L’Etat protecteur ne l’est plus. Confronté à des caisses vides, il se désengage de plus en plus de ses nobles missions, y compris celle remplie à travers la Sécurité Sociale. Rien qu’à l’idée de compter le nombre de molécules déremboursés, beaucoup tomberaient malades. Mais cela ne suffit pas à expliquer le renoncement aux soins. Car la complémentaire santé, souscrite pour amortir les charges des soins non remboursés, coûte de plus en plus cher. Certes, pour des raisons marketing de petite facture, certains assureurs proposent des promotions allant jusqu’à six mois de réduction pour la première année de souscription. Mais passée cette période de grâce, le prix réel fait suffoquer l’assuré. Du coup, les petites bourses, et elles sont de plus en plus en nombreuses, se tâtent, hésitent puis arbitrent en faveur du plus urgent : manger. Cette nourriture-là qui ne nous garantit plus la santé tant elle est bourrée de produits chimiques.

Des ponctions obligatoires pour financer les aides à l’accès au soins

Interrogées sur la flambée des mutuelles, toutes les familles complémentaires, sans exception, indexent le bouc-émissaire, tout désigné : les pouvoirs publics et la flambée des taxes qu’ils instituent. En clair, l’Etat protecteur organise de nouvelles ponctions sur l’assurance santé. Des ponctions que les porteurs de risques répercutent sur le prix de la mutuelle. Mais au fait, pourquoi de telles ponctions qui sont passées de moins de 2 % à plus de 10 % ces dernières années ? Elles vont abonder les fonds destinés à financer les dispositifs d’accès aux soins des plus démunis. Autrement dcomplementaire2it, elles permettent de prendre aux assurés complémentaires pour permettre à ceux qui ne peuvent pas se soigner pour des raisons économiques de réintégrer la chaîne des soins. Comment alors expliquer la montée en puissance  du nombre de laissés-pour-compte en la matière ? Le niveau de taxes serait trop élevé, répondent en cœur les assureurs.

 Vers le renouveau du dispensaire connecté à la télémédecine ?

Où serait alors la solution ? Là où beaucoup de professionnels de santé pratiquent des tarifs inaccessibles aux plus démunis, les réseaux de soins, qui servent de thermostat, ne concernent que les assurés. Pour les autres, une nouveauté s’impose progressivement. Dans bon nombre de bassins de vie, on voit renaître des dispensaires, concept abandonné mais qui a pourtant le mérite de fonctionner sur une logique pluridisciplinaire. Soutenus par les Agences régionales de santé (ARS), ces structures peuvent et doivent être le théâtre d’un autre modèle de prise en charge mutualisé. En prime, la possibilité de capitaliser sur la télémédecine pour partager l’expertise avec l’écosystème local (CHG, CHU, cliniques, etc.). Dans ces dispensaires, les plus démunis pourraient être mieux soignés, en fonction de leurs moyens. A explorer, si ce n’est pas encore le cas.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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