Vendredi dernier, le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, a lancé la réforme de la santé. Vaste sujet critique qui ne laisse point indifférent. A l’heure où l’Etat se désengage de l’Assurance maladie et que le poids de la fiscalité sur les complémentaires santé n’a jamais été aussi lourd, ce chantier fait naître des réactions du côté des intervenants sur cette branche que l’on dit pourtant porteuse, malgré les défis auxquels elle est confrontée.

Selon Xavier Fos, senior manager Conseil chez Deloitte, « mettre la médecine de parcours au centre du système de santé va dans le bon sens. Jusqu’à maintenant la médecine était plutôt cloisonnée, et pour réussir cette transition il y a un certain nombre de conditions à satisfaire ; pour mettre la médecine de proximité au cœur du dispositif il est nécessaire d’accélérer le transfert de compétences entre médecins et infirmiers, faciliter l’exercice de ces médecins de premier recours à travers les maisons de santé et centres de santé, et enfin donner les moyens aux ARS pour muscler en priorité l’animation territoriale. Animer les bassins de santé sous-entend qu’un référent doit y accompagner l’installation des nouveaux professionnels ».

De son côté  Laurent Goldstein, médecin et Directeur Santé de Mondial Assistance, porte le débat sur le terrain du parcours de soins. Remettre à plat ce dernier « est nécessaire pour repenser l’organisation du système de santé. La France pourrait ainsi multiplier les maisons médicales mises en place avec succès dans les pays scandinaves, à l’instar de la Suède ». Et d’ajouter : « Ces lieux regroupant plusieurs professionnels de santé répondent au besoin d’une permanence de soins et offrent un maillage homogène des compétences médicales sur l’ensemble du territoire. Infirmiers, généralistes et spécialistes s’organisent ensemble afin d’assurer, en fonction de leurs disponibilités, des plages de consultation très larges ». Allant plus loin, le directeur Santé de Mondial Assistance estime qu’une « politique d’incitation pourrait être menée au niveau national afin d’encourager les professionnels de santé à se fédérer sur ce modèle, qui a pour double finalité de désengorger les services d’urgence et d’apporter une proximité de soins aux patients. De nouvelles filières de techniciens de santé doivent être développées : ces praticiens reconnus et qualifiés pourront assurer les consultations et traitements sans gravité, encourager la prévention et garantir la disponibilité de la première prise en charge avant le relais éventuel vers une compétence plus spécialisée ». Afin d’étayer ses propos, Laurent Goldstein avance avec des exemples concrets : « Aux Etats-Unis et dans les pays émergents, ce système présente l’avantage pour les patients d’être orientés immédiatement vers les bonnes compétences et pour les médecins de se centrer sur les actes pour lesquels ils ont une forte valeur ajoutée. En Angleterre, par exemple, les examens de contrôle des yeux sont désormais le pré carré des optométristes, la consultation chez un ophtalmologiste étant réservée aux pathologies nécessitant un fort degré d’expertise médicale ».

Enfin, le Docteur Edouard Bidou, directeur Innovation du Groupe Prévoir,  souligne la place de la prise en charge des personnes âgées dans le système de santé.

Trois interventions, autant de vision du système de soin qui constituent autant de points de réflexion face à un véritable sujet sociétal.

Amae Martin
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