« Le DIF pèse encore sur les choix en termes de formation en langues »

Deux métiers des services que sont les banques et les assurances doivent s’appuyer sur un personnel qualifié en langues. Si les rudiments de l’anglais, voire d’autres langues sont généralement là, leur parler à des fins professionnelles n’est pas toujours garanti. Dans une logique de formation continue de haut niveau, AdomLingua se propose de les accompagner à travers des formules sur mesure et personnalisées. Nous sommes loin du e-Learning, tendance poussée ici et là mais qui, selon  Olivier Haquet, fondateur de cette structure, « limite l’implication des collaborateurs, comparé à l’approche présentielle et celle adossée à la visioconférence ». Entretien avec un spécialiste de la formation qui explique à Capa Hebdo pourquoi le Droit individuel à la formation (DIF) pèse encore lourdement dans la stratégie d’octroi des formations aux collaborateurs. Il pose un regard  sur la stratégie des banques et des assurances en la matière. Et met en avant les prochaines étapes d’AdomLingua.

Propos recueillis par Emmanuel Mayega

 

CAPA HEBDO : AdomLingua intervient sur le marché de la formation en langue. Quel est son positionnement sur le territoire français ?

Olivier Haquet : Notre entreprise est en passe de boucler sa dixième année de présence sur le créneau de la formation haut de gamme des collaborateurs d’entreprises. Par haut de gamme, nous entendons des programmes d’initiation et/ou de perfectionnement portant sur une dizaine de langues distillée en mode présentiel. Le contenu de chacun de nos cours est adapté aux intérêts et au contexte de l’élève. Notre méthode est centrée sur la motivation et l’implication. Nos cours intègrent les aspects culturels et de la vie quotidienne. Et favorisent la dimension plaisante de l’apprentissage.

Pour mener à bien sa mission,  ADomLingua qui intervient sur un créneau fortement concurrentiel, met à la disposition de chacun de ses clients un conseiller au courant de son dossier. Il est à l’écoute à chaque étape du déroulement des cours pour répondre aux questions de l’élève et veiller à sa satisfaction.

C. H. : A l’instar des autres acteurs économiques, les banques et les assurances françaises interviennent dans une économie mondialisée. Outre la présence internationale de beaucoup parmi elles, la nécessité de s’appuyer sur des collaborateurs capables de manier plusieurs langues au quotidien les pousse à proposer à leurs collaborateurs des formations de langues, en fonction des besoins de terrain. Quel regard portez-vous sur les stratégies de ces acteurs en matière d’accompagnement à la maîtrise de ces langues ?

O. H. : Il me semble que les politiques de formation de ces acteurs sont fortement liées à leurs réalités de terrain et  au contexte de formation particulier qu’est celui de la France. Notre pays est fortement influencé dans ce domaine par le Droit individuel à la formation (DIF).

« Le DIF est devenu une sorte de récompense… »

Ce dispositif d’accompagnement des salariés est devenu une sorte de récompense que les managers octroient à leurs collaborateurs, même si ces derniers n’ont pas un besoin en rapport avec leurs métiers. En clair, le DIF est devenu une variable de la politique de gestion des ressources humaines de l’entreprise. Les banques et les assurances apparaissent parmi les plus généreuses en la matière, même quand la nécessité n’est pas cruciale. Il faut motiver les salariés, dans une logique d’acquisition de compétences qui ne sont pas utilisées dans le quotidien professionnel des collaborateurs.  Au point que ces institutions financières investissent généralement au-delà des obligations en matière de formation (les dépenses en formation doivent être comprises légalement entre 1,5 et 2,5 % de la masse salariale de chaque entreprise).

 

C. H. : Au-delà de ces formations-cadeaux, il en existe certainement un volet nécessaire et incontournable car faisant partie des besoins métiers !

O. H. : Il est clair que les banques et les assurances entendent perfectionner le niveau de langue de leurs collaborateurs afin de faciliter leur contact avec l’environnement externe. Ainsi, un groupe d’agents de change va s’efforcer de former ses équipes de front-office à plusieurs langues  afin d’échanger efficacement avec les touristes. De leur côté, les fonds d’investissement qui interviennent en Europe ont tout intérêt à former leurs collaborateurs à différentes langues.

Enfin, l’expansion internationale des banques et des assureurs peut s’accompagner de différents programmes de formation linguistiques. AdomLingua travaille notamment avec Allianz afin de permettre aux collaborateurs de ce groupe de s’initier à l’allemand, sa langue d’origine.

 

C. H. : A analyser votre discours, il en ressort deux enveloppes de formation : l’une abondée par le DIF, l’autre par l’entreprise, pour faire face à ses exigences métiers. Quel est le rapport entre ces deux volets ?

O. H. : Dans la droite lignée de mon explication sur la propension des banques et des assurances à accorder facilement des DIF à leurs salariés, il ressort que ce dispositif représente près des 2/3 de l’effort de formation consentis par ces deux secteurs d’activité. Le reste relevant tout naturellement des formations liées directement aux métiers et à l’ouverture à l’international.

 

C. H. : Quelles sont les modalités d’intervention d’AdomLingua sur un marché de la formation en langue où la concurrence bat son plein ?

O. H. : Nous avons pris le parti, depuis dix ans, de tirer ce secteur vers le haut, grâce à des formations présentielles. Nos premiers clients relèvent de la finance, à commencer par leur ministère de tutelle. Nous avons suivi avec les banques et les assurances. A chaque fois, nos équipes composent des formations sur mesure dispensées généralement par un de nos spécialistes sur le terrain.

 

C. H. : Quel regard posez-vous sur le recours à l’e-Learning comme outil de formation de plus en plus prisé ?

O. H. : AdomLingua n’est pas sur ce terrain qui ne permet pas une forte implication des salariés dans leur formation. Notre positionnement sur le haut de gamme exclut de tels outils. Pour autant, nous n’excluons pas l’apprentissage à travers les composants technologiques. Question de choix et de stratégie. Ainsi, nous mettons à contribution les solutions de Webcam et de visioconférence.

La visioconférence pour être en phase avec la stratégie éco-responsable des groupes financiers

Pour ce dernier cas, nous sommes parfaitement en phase avec bon nombre de grosses structures et tout particulièrement les assurances, qui  y ont recours avec pour finalité l’allègement de leur empreinte carbone et la réduction de la facture relative aux déplacements. Aujourd’hui, cette technologie est fort mature et offre la possibilité à nos clients de bénéficier d’une formation en langue à distance, dans les mêmes conditions proposées à travers les séances présentielles. Du reste, nous disposons désormais d’une belle antériorité dans l’usage de ces composants puisque nous les avons adoptés depuis deux ans.

 

C. H. : En définitive, quelles langues sont les plus demandées actuellement ?

O. H. : Si l’anglais tient toujours la corde pour des raisons évidentes sachant que c’est la langue des affaires, le dynamisme de l’économie de l’Allemagne fait de la langue de ce pays, l’une des plus en vue en matière de demandes de formation.

 

C. H. : Enfin, quelles sont les difficultés auxquelles AdomLingua est confrontée dans ces deux secteurs ?

O. H. : Le point positif est celui de leur capacité à financer les formations. En clair, ils ont les moyens de s’offrir de multiples programmes de formation en langues, en fonction de leurs besoins et/ou de leur stratégie d’incentive. Pour autant, le processus décisionnel y est très complexe. Il est difficile de séduire ces comptes sachant qu’il faut passer par des procédures d’appels d’offres parfois très longues. En revanche, une fois que l’on est client et que l’on a fait ses preuves, la fidélité est au rendez-vous.

 

 

Des thèmes dans le vent

Certaines formations ont le vent en poupe. En fait, tout dépend de la conjoncture et des attentes des entreprises. Par ces temps de crise, l’excellence fait souvent la différence. Elle passe également par la maîtrise de la langue appliquée à différentes situations : anglais juridique, bancaire et financier, l’allemand du marketing, comment convaincre en anglais, etc.
Sur ce marché, si AdomLingua met en avant son approche présentielle, d’autres acteurs jouent la carte du multi-outillage. Chez Demos Langues, l’on mixe formation par téléphone avec le face –à-face et l’e-Learning. Dans ce dernier cas, cet opérateur s’appuie sur les solutions multimédia TeLL me More pour proposer des formations à distance tutorées. Cette formule permet de former  le collaborateur à son rythme, en fonction de ses disponibilités et de construire un parcours de formation personnalisé.

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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