La précarité a atteint un tel seuil critique dans les pays du Nord que la microfinance, traditionnellement réservée aux pays du Sud, y est fortement sollicitée. Portée par quelques acteurs associatifs, publics et les réseaux bancaires, sa marge de frappe reste insuffisante pour faire face aux enjeux qu’on lui a attribués. La demande est particulièrement stratégique pour le microcrédit professionnel comme l’indique le dernier baromètre de la microfinance 2012 publié à l’occasion du forum mondial Convergences 2015.

En 2012, 84 % des Français ont déjà entendu parler du microcrédit d’après le dernier baromètre de la microfinance. Face à la crise, force est de constater que de plus en plus d’individus ne peuvent plus faire appel aux crédits bancaires classiques que ce soit pour des besoins personnels ou pour monter une entreprise. Le microcrédit apparait alors comme un des moyens les plus efficaces pour endiguer la paupérisation croissante des populations des pays développés. La microfinance doit donc, très rapidement, palier le désengagement d’acteurs privés ou publics. En France, le secteur reste cependant à consolider pour remplir pleinement ses fonctions, même si les résultats mis en avant par le baromètre sont probants : en France, 19 000 micro-entreprises ont été créées en 2011 ce qui a permis le développement de 57 000 emplois directs (près de deux tiers des bénéficiaires du marché professionnel sont des chômeurs). Le baromètre indique également que 75 % des TPE financées par ce système perdurent toujours trois ans après leur création contre 66 % en moyenne pour les entreprises françaises. 30 000 microcrédits personnels ont été octroyés depuis 2005.

La microfinance est encore trop hétérogène

Mais, les programmes de microcrédit restent encore trop variés : « toucher le bénéficiaire directement ou non, chercher à couvrir leurs coûts opérationnels ou non, adopter des stratégies distinctes en matière de ciblage des clients, ou encore offrir des services variés allant du seul microcrédit professionnel à une gamme de conseils et de services liés à la gestion de l’activité professionnelle ». Chaque opérateur, chaque réseau va également développer sa propre stratégie avec ses conditions d’éligibilité. Les besoins des individus sont si vastes qu’il faudrait presque faire du cas par cas, ce qui est inenvisageable. Il est alors essentiel que les conseillers bancaires accueillant un public en difficulté soient capables de faire un bilan de leur situation pour les orienter vers les solutions et les acteurs les plus adaptés à leurs demandes, qui pourront à leur tour, les faire bénéficier d’autres services. C’est le cas de Parcours Confiance de la Caisse d’Epargne qui fournit des solutions de microcrédit avec le soutien du Crédit Municipal de Paris, de la Caisse des Dépôts et de France Active. Le groupe a compris l’importance de l’accompagnement. Il a donc créé Finance et pédagogie qui diffuse et dispense de la formation pour les particuliers sur ces questions ainsi qu’Antropia, incubateur social, qui suit des porteurs de projets tout au long du process de création d’entreprise.

Cette complémentarité est essentielle pour informer un public fragile sur l’engagement que suppose le microcrédit, lui apprendre à gérer un budget, tisser des réseaux professionnels… Aux banques d’adapter également au sein de leurs circuits classiques des stratégies plus souples concernant les découverts autorisés par exemple ou les interdits bancaires.

La microfinance va donc surtout se développer, dans les pays du Nord, sur le secteur des professionnels. Or, le microcrédit personnel reste indispensable et doit être boosté par le secteur associatif et les réseaux bancaires. Il manque encore de statistiques sur les retombées de ces produits, et les bénéfices qualitatifs pour les bénéficiaires. Dommage car plus sensibilisés, les Français pourraient contribuer à augmenter la liquidité dont les opérateurs de la microfinance ont besoin pour faire face à la hausse de la demande. Le baromètre indique que 39 % d’entre eux préfèrent investir dans l’épargne solidaire pour aider financièrement les populations pauvres. Ils préfèrent cependant encore le don direct à des organismes (41 %). Passer de la charité à l’accompagnement, c’est le challenge proposé par la microfinance.

Yaël Bouvier ©CAPA Conseil

Crédit : FreeDigitalPhoto.net

 

Amae Martin
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