Que vous soyez commercial dans la banque, l’assurance ou ailleurs, médecin ou tout simplement VRP, le projet de loi de finances 2013 devrait porter un sérieux coup à l’exploitation de votre deuxième bureau. Il devrait instituer la réduction de 13 à 6 chevaux fiscaux le plafond relatif au barème des indemnités kilométriques. Pour vous, professionnels debout ou plutôt assis dans votre véhicule, le confort des voitures haut de gamme devrait vous coûter fiscalement plus cher. Pourtant, vos performances sont associées à votre capacité à vous déplacer. Derrière cette mesure fiscale appelée à peser sur l’épargne de la population concernée se confinent d’autres problèmes.

L’Union nationale des professions libérales (UNAPL) est en rogne. Elle renâcle. Tout comme d’autres organismes de défense des intérêts de leurs membres concernés par la décision gouvernementale de plafonner à 6 CV le barème des indemnités kilométriques. Outre l’alourdissement de la fiscalité des salariés itinérants concernés au premier chef, cette mesure devrait avoir un fort impact sur bon nombre de citoyens. A commencer par ceux qui n’ont pas la capacité de s’offrir une nouvelle voiture dédiée à leur travail et développant six chevaux ou moins.

Mais concentrons notre propos sur ces professionnels de la route que sont beaucoup de commerciaux. Ils ne pourront plus déduire une somme non négligeable de leurs impôts. Pour ceux qui parcourent plus de 50 000 km annuellement, il faudra prévoir une perte sèche de près de 4 000 euros. A ce coût là, le deuxième bureau, en l’occurrence le véhicule, coûtera plus cher. Ajouté à cela d’autres nouvelles ponctions fiscales, la coupe semble pleine. Pleine quand on sait que remplir un réservoir de plus en plus vide impose un investissement désormais conséquent.

Au-delà de la perte financière, cette décision aura des conséquences sur le confort du véhicule du travailleur itinérant. En réduisant le barème de ces fameux IK, le gouvernement encourage implicitement le recours à des véhicules de base, sans confort particulier. Des bureaux mobiles mal équipés ou tout simplement sous-équipés. Pour les habitués de petites cylindrées, à l’instar de votre serviteur, inutile de décrire l’inconfort dû aux vibrations et aux nuisances sonores. A l’arrivée, la santé du collaborateur peut être mise à rude épreuve. En fait, l’Inspection du travail devrait se pencher très vite sur les conséquences néfastes de cette disposition sur la santé. Vous, assureurs, avez là une mission à remplir dans le cadre des programmes de bien-être au travail ficelés pour vos clients Entreprises.

Au-delà de cette proposition, il est important de revenir sur les multiples mesures prises par le gouvernement Ayrault en vue de boucler son projet de loi de finances et plus structurellement afin d’assainir les deniers publics. Dans la droite lignée de la chanson des Inconnus, « Vampire Impôts », nous croulons sous les taxes. Pire, la matière à imposer s’élargit chaque jour et l’inflation fiscale avec. Pris à la gorge, le citoyen époustouflé s’essouffle. Râle ! Comme un pro en la matière que nous sommes tous. Pourtant, j’ose croire que nous sommes tous convaincus de la nécessité de fournir chacun un effort pour ne plus vivre au-dessus de nos moyens. Que faire quand nul ne veut se sacrifier ? Pendant ce temps, bon nombre d’observateurs se complaisent à dénoncer notre immobilisme par-ci, notre retard par-là. L’Angleterre aurait pris les mesures qui s’imposaient depuis Cameron pour être sûre de traverser ce gros temps sans vaciller. De la robuste Allemagne, n’en parlons point. Comment dans ces cas jeter l’opprobre au gouvernement ? Sur la forme probablement. Mais sur ce terrain là, notre légitimité devient caduque.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
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