Une étude d’AXA, Accenture et IFC le dit en substance. Dans le genre marketing du … genre, vaut mieux privilégier la gent féminine.  Et pour cause ! Elle est économiquement plus appétente, selon cette étude* centrée sur des pays émergents.

Il n’est point besoin d’être actuaire pour savoir que cette enquête exclut le périmètre de l’Union européenne, où  l’homme et la femme sont désormais égaux devant l’assurance. Depuis quelques années.  Le périmètre retenu est celui des pays comme la Chine, le Brésil et autres Turquie. Dans ces contrées, l’enquête est très claire : « d’ici 2030, le secteur de l’assurance pourrait gagner jusqu’à 1 700 milliards de dollars sur le segment des femmes, dont près de la moitié dans les pays émergents. » Mais encore faudra-t-il y développer des offres adaptées. Des offres qui devraient prendre en compte les spécificités des femmes pour tarifer ? Indubitablement.

Réputée comme plus prudente sur la route, elle devra donc s’acquitter d’une prime moins onéreuse que celle d’un homme. Bref, nos anciens modèles européens du marketing du genre, depuis quelques années au rebut, pourront reprendre du service. Le savoir-faire en la matière des actuaires des sociétés d’assurance occidentales pourrait alors être réactivé. Pour une tarification en fonction des caractéristiques du client. L’actuariat à l’état pur.

Au nom de la sacro-sainte règle d’or du marketing, il va donc falloir personnaliser le tarif au maximum en fonction de ce critère du genre pour engranger de beaux contrats au féminin. Les trois commanditaires de ce rapport ont probablement raison. Sur le papier. Et sur le papier seulement. Car sur le terrain, une majorité des femmes de certains de ces pays émergents pourraient-elles faire de l’assurance leur priorité ?  Elles,  qui sont parfois des laisser pour compte dans ces économies, pourront-elles payer ? Même quand bien même elles seraient solvables, la vérité est qu’elles doivent généralement arbitrer entre la ration alimentaire et ces primes d’assurances pas toujours à la portée de leurs bourses.

Certes l’économie a besoin d’assurance pour éclore, surtout dans les pays émergents ;  mais, franchement, allez dire à une jeune maman de la République du Biafra, au fin fond du Nigeria, de souscrire une assurance santé. Elle vous parlera de son incapacité  à survivre voire de sa volonté de migrer vers l’Occident, où je vous rappelle, la segmentation par le genre est désormais inopérant. Ironie de la nature ? Cette dame-là est-elle l’avenir de l’assurance ? Elle ne l’est pas même si elle reste l’avenir de l’homme. Le risque premier qu’elle redoute ? L’incapacité à se nourrir. Au pire, elle pourrait lorgner sur la micro-assurance. Un domaine où AXA est déjà présent et qui permet de réduire la fracture sociale.  Alors micro-assurance pour maxi avenir de la femme ? La cible pourrait longtemps rester un rêve de marketeur en proie à des idées occidentales à universaliser coûte que coûte.

*SheforShield : assurer les femmes pour mieux protéger l’ensemble de la société.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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