Harry Richards, gérant Fixed Income chez Jupiter Asset Management, commente les dernières décisions des principales banques centrales du monde en matière de taux d’intérêt. 

En ce qui concerne la Fed, le dernier rapport sur l’indice des prix à la consommation (IPC) a donné un nouvel élan aux marchés, avec les rendements des obligations d’État orientés à la baisse et un environnement globalement positif pour les actifs risqués. Cependant, les commentaires de la Fed reflétaient un ton légèrement plus hawkish que prévu. Le message clé est que le Federal Open Market Committee (FOMC) est manifestement bien conscient du ralentissement de l’inflation observé selon les données récentes. Les membres du comité attendent toutefois confirmation qu’il s’agit bien d’une tendance solide et que l’inflation est effectivement sur la voie de l’objectif. Ils ont reconnu que les biens de consommation ont déjà montré des signes matériels de désinflation et que la trajectoire de l’inflation sur l’immobilier devrait bientôt atteindre un pic et finalement remonter (il suffit de regarder les données actuelles sur les loyers pour le marché immobilier américain). L’incertitude demeure toutefois en ce qui concerne la composante services de l’IPC de base, manifestement beaucoup plus liée au marché du travail, qui, sur une base ponctuelle, semble encore assez fort. Le résultat a été une hausse de seulement 50 points de base au lieu des augmentations de 75 points de base observées lors des quatre dernières réunions, mais il a été complété par un commentaire hawkish. En particulier, le FOMC a souligné la nécessité de couvrir davantage de terrain en termes de hausses de taux supplémentaires à l’avenir et de maintenir la politique en territoire restrictif pendant un certain temps pour s’assurer que la bataille contre l’inflation a été gagnée. Sur la base de notre analyse, nous pensons toujours que la Fed pourrait surestimer la force réelle du marché de l’emploi et en fin de compte, nous nous attendons à ce que les données officielles sur le travail se détériorent de manière assez importante au cours de la prochaine année. Les projections du FOMC prévoient déjà des réductions en 2024. Si le marché de l’emploi devait montrer des signes plus importants d’affaiblissement dans les mois à venir, une réduction plus précoce pourrait être envisagée, même dès le second semestre 2023. 

En Europe, la BoE et la BCE ont augmenté leurs taux de 50 points de base. Le ton général de la déclaration de la BoE était modérément plus accommodant, revenant quelque peu à la proposition pré-budgétaire caractérisée par la nécessité d’équilibrer la réduction de l’inflation avec la détérioration de la croissance économique. D’autre part, la BCE a surpris le marché avec des commentaires plutôt hawkish soulignant ainsi le fait qu’un resserrement supplémentaire important pourrait être nécessaire pour vaincre l’inflation. Le marché n’a pas bien digéré cela et nous avons assisté en conséquence à une hausse importante des rendements des obligations d’État européennes et à un élargissement des spreads souverains en euros à la suite de ces commentaires. Dans l’ensemble, nous pensons qu’à ce stade, le positionnement sur les taux en euro pourrait être 

relativement défavorable. L’incertitude quant à l’inflation est beaucoup plus élevée que celle des États-Unis, l’inflation européenne étant davantage influencée par des facteurs exogènes en ce moment. En outre, les projections d’émissions nettes de la zone euro (compte tenu du QT) prévoient une augmentation significative en 2023, ce qui pourrait être difficile à digérer pour le marché. 

Dans l’ensemble, les États-Unis (ainsi que l’Australie et la Corée du Sud) restent un scénario plus attrayant pour les investisseurs en obligations d’État. 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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