Lorsque l’on a moins de 35 ans, on pense à tout sauf à la mort. Pourtant la plate-forme lassurance-obseques.fr a osé poser un regard sur les Millénals et leurs rapports aux obsèques. Se sentent-ils concernés par les questions liées à la mort ? Quels sont leurs souhaits quant à leur propre mort et les obsèques associées ? sont-ils plus ou moins attachés aux traditions face à la mort ?

L’enquête porte sur la génération née entre 1980 et 2000, que l’on appelle les millénials et qui reste encore pour beaucoup une véritable énigme sociétale. Parfois jugés volatiles, incertains, ultra-connectés, peu sérieux et, dans le même temps, engagés en faveur du respect de l’environnement, de modèles économiques plus solidaires et collaboratifs, nous sommes souvent perçus comme difficiles à cerner et à cibler. En tant que spécialiste du funéraire, je me suis interrogé sur ce que pensait ma génération de la mort et des obsèques. Parce que notre perception de la mort dit beaucoup de notre société, il me paraît en effet important de connaître l’avis et le regard des jeunes Français qui sont les citoyens et les consom’acteurs d’aujourd’hui et de demain.

A la question, Pensez-vous que l’on parle plus de la mort qu’autrefois ? 63 % des 18-35 ans interrogés répondent favorablement et 95 % d’entre eux considèrent que c’est une bonne chose. A titre plus personnel, les jeunes interrogés confient, à 77 % chez les hommes et 87% chez les femmes, penser parfois, assez souvent ou très souvent à la mort.

Commentant cette étude, Pierre Catherinet souligne que « Les jeunes Français n’hésitent plus à envisager leur propre mort ; très clairement, ils y pensent. Il est cependant intéressant de noter que si les femmes et les hommes répondent de manière assez homogène quant à la fréquence à laquelle ils pensent à la mort, la question de la peur de la mort marque une nette inégalité entre les sexes. 65% des femmes reconnaissent en effet avoir peur de la mort, contre 35 % des hommes. Reste à savoir si les femmes sont réellement plus nombreuses à avoir peur de la peur, ou si elles sont plus nombreuses à bien vouloir l’admettre ! »

Des souhaits assez précis quant à sa mort et ses obsèques

Dans l’ordre logique de la vie, lorsque l’on a entre 18 et 35 ans, on a pas le temps de penser à sa propre mort et d’arrêter ses souhaits d’obsèques… Pourtant, contrairement aux idées reçues, les jeunes français ont plutôt des choix arrêtés sur le sujet.

Alors que plus de 7 Français sur 10 meurent aujourd’hui à l’hôpital, 81% des jeunes Français interrogés déclarent vouloir passer leurs derniers instants à leur domicile. Moins de 7 % des 18-35 ans interrogés souhaitent mourir au sein d’un établissement (hôpital, maison de retraite, etc.).

Par ailleurs, la génération Y s’oriente résolument vers la crémation à 45 %, avec une pointe à 51 % sur la région parisienne. Et le plus souvent en musique puisque 64 % des jeunes interrogés intègrent la musique dans le cérémonial funéraire ; 23 % d’entre eux savent même quelles chansons ils aimeraient pour leur dernier voyage.

Pierre Catherinet précise : « ce choix de la crémation témoigne d’une véritable évolution puisqu’en 2015, 60 % des moins de 35 ans, interrogés lors d’un sondage Ipsos Affairs, optaient pour l’inhumation. Cette tendance s’accompagne d’une prise en compte des problématiques environnementales : le facteur écologique entre en effet désormais dans les choix d’obsèques. Ils sont ainsi 47 % à choisir la nature et 24 % la mer pour y répandre leurs cendres. » 57 % des jeunes Français opteraient pour une cérémonie civile, contre 39 % pour une cérémonie religieuse. Cette tendance s’affirme plus nettement en zone urbaine : 35 % des jeunes d’Ile de France préfèrent une cérémonie civile lorsque 46% des jeunes de Normandie préfèrent une cérémonie religieuse. Pour autant, sur l’ensemble des jeunes interrogés, 35% estiment que le lieu de culte reste le lieu de cérémonie idéal.

En somme, plus qu’un réel attachement aux traditions, les jeunes Français de 18 à 35 ans témoignent de l’importance qu’ils accordent à la place du sacré et du rituel dans la mort et les obsèques. Nous assistons sans doute à une nouvelle façon de penser la mort et les obsèques, ou tout au moins, à un besoin de redonner de la valeur et du sens. Mourir auprès de ses proches, organiser une cérémonie civile à domicile ou en pleine nature, opter pour un cercueil écologique seront autant de choix revendiqués par la génération des millénials face à la mort.

Méthodologie :

L’enquête porte sur des jeunes de 18 à 35, interrogés, du 1er au 15 décembre sur Internet, à propos de la mort et des obsèques. A l’origine de ce sondage inédit, Pierre Catherinet, fondateur et dirigeant de lassurance-obseques.fr.

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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