Selon cette enquête, les actifs mondiaux des plus grands fonds de pension affichent un repli pour la première fois depuis la crise financière mondiale

Les actifs totaux des 300 plus importants fonds de pension mondiaux ont diminué de 3 % en 2015 (contre une hausse de plus de 3 % en 2014) pour atteindre un montant de 14 800 milliards de dollars US selon l’étude menée par Pensions & Investments de Willis Towers Watson. En dépit de ce premier recul des actifs depuis le début de la crise financière mondiale, leur croissance cumulée depuis lors est de près de 19 %.

L’étude P&I / Willis Towers Watson global 300, menée conjointement avec Pensions & Investments, journal américain spécialisé dans la gestion d’actifs, montre que la région de l’Amérique du Nord a affiché le plus fort taux de croissance composé sur cinq ans (environ 6 %) par rapport à l’Europe (environ 4 %) et l’Asie/Pacifique (environ 1 %). Il ressort également de cette étude que les 300 plus grands fonds de pension mondiaux représentent désormais quelque 42 % des actifs de retraite mondiaux[1]. Selon l’enquête, seuls les actifs des plans hybrides ont progressé de près de 14 % au cours de 2015 tandis que les autres types de fonds ont reculé : les actifs des régimes à prestations définies de près de 5 % ; ceux des régimes à cotisations définies de plus de 2 % et ceux des fonds de réserve [2] de 0,3 %.

Delon Pierre Wendling, consultant senior chez Willis Towers Watson, « Les fluctuations continues des actifs, associées à des passifs en constante croissance, témoignent de la difficulté pour les fonds à remplir désormais leurs missions respectives. Les gestionnaires d’actifs importants peuvent prendre l’avantage dans cet environnement d’investissement instable, complexe et ambigu en renforçant leur efficacité organisationnelle pour améliorer la prise de décision. Il est maintenant évident qu’une bonne gouvernance en matière d’investissement est la clé : elle permet d’acquérir l’avantage concurrentiel nécessaire pour transformer les portefeuilles et mener à bien la mission, en constante évolution, qui consiste à verser les prestations en toute sécurité, à un coût abordable et en totalité. »

Il ressort de l’étude menée sur les principaux fonds mondiaux que les États-Unis demeurent le pays totalisant la plus grande part des actifs des fonds de pension (environ 38 %), suivi du Japon (environ 12 %). Les Pays-Bas viennent en troisième position avec plus de 6 % de part de marché, tandis que la Norvège et le Royaume-Uni se placent en quatrième et cinquième positions (respectivement environ 6 % et 5 %). L’étude montre que 27 nouveaux fonds ont fait leur entrée au classement au cours des cinq dernières années, provenant pour l’essentiel, sur une base nette, des États-Unis (dix fonds) suivis du Royaume-Uni, de la Corée du Sud, de l’Australie, de la France, du Pérou, du Vietnam et de l’Italie. Au cours de cette même période, le Mexique a affiché la plus forte perte nette de fonds du classement (quatre fonds), suivi par la Suisse, l’Allemagne et le Japon (trois fonds). Les États-Unis arrivent en première position en termes de nombre de fonds avec 131 fonds, suivis du Royaume-Uni (27), du Canada (19) de l’Australie (16), du Japon (15) et des Pays-Bas (12).

Et Pierre Wendling de préciser : « Le classement a été quelque peu chamboulé au cours des cinq dernières années, les mieux classés étant vraisemblablement déterminés à disposer de portefeuilles parfaitement diversifiés, à même de bien se comporter en périodes de tensions et mettant l’accent sur le rendement total et non pas le rendement relatif. » Autre élément qui a permis aux fonds les mieux classés de faire la différence : leur capacité à innover ou à se poser en précurseurs ; une évolution cruciale dans un environnement persistant de faible croissance. Un des domaines où les investisseurs ont su tirer avantage de cette capacité à trouver des solutions innovantes est l’adoption d’une approche novatrice en matière de bêtas et ce, quels que soient les vecteurs de rendement au sein de leurs portefeuilles, sans sacrifier la génération d’alpha. Le nouveau mode de pensée se concentre sur la façon de rapprocher le capital intellectuel interne et externe de façon rentable. Cela a eu pour incidence positive sur le secteur dans son ensemble de parfaire la proposition de gestion active et de contrôler la hausse des coûts. »

Les fonds de pension souverains[3] restent très présents dans le classement, 27 d’entre eux représentant 28 % des actifs pour un total de près de 4 200 milliards de dollars US. Les 115 fonds du secteur public distingués par l’étude totalisaient 39 % des actifs totaux pour un montant d’environ 6 000 milliards de dollars US en 2015. Les fonds du secteur privé (58) et les fonds d’entreprises (100) représentent respectivement 14 % et 19 % des actifs étudiés.

Pierre Wendling précise : « Le paysage de l’investissement connaît une évolution rapide, davantage de gestionnaires d’actifs s’employant à améliorer leur gouvernance en matière d’investissement pour accroître l’efficacité de leurs processus et pratiques d’investissement. Il y a 20 ans de cela, les gestionnaires d’actifs internationaux faisaient la part belle à la délégation à des sociétés extérieures. Désormais, les plus grands gestionnaires d’actifs disposent de capacités renforcées et les meilleures pratiques visent généralement à trouver le juste équilibre entre ressources internes et délégations externes. Ce renforcement des ressources permet également à ces fonds d’assumer les responsabilités plus étendues leur incombant, qu’il s’agisse des questions environnementales, sociales et de gouvernance (ESG), de leurs responsabilités en tant que gestionnaires et des opportunités qui s’offrent à eux et, pour un petit nombre de fonds, de leur impact social. Cette tendance à considérer que les interconnexions font partie intégrante de l’investissement institutionnel devrait s’accélérer et se poser de plus en plus en outil de différenciation. »

[Encadré]

[1] Estimation reposant sur le classement P&I / Willis Towers Watson global 300 et l’étude Willis Towers Watson Global Pension Asset.

[2] Les fonds de réserve sont mis de côté par un gouvernement pour garantir le paiement des retraites et, en l’absence de passif explicite, ce ne sont ni des prestations définies ni des cotisations définies.

[3] Comme établis par les autorités nationales pour honorer les passifs de retraite. Nous sommes conscients qu’il existe de nombreux autres fonds publics – nous nous sommes efforcés de nous limiter aux fonds spécifiquement financés par les autorités nationales.  [/Encadré]

 

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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