Aux frais du contribuable européen, le bal du renflouement des institutions bancaires de la zone euro continue, au rythme endiablé des résultats plus que médiocres des uns et des autres. La musique sonnerait-elle comme le chant du cygne pour ces systèmes bancaires européens ? Attention au déhanché funeste.

Elle a longtemps dit non, la machine bancaire ibérique. La réalité et le temps ont eu raison de sa résistance. Elle s’est grippée. Et s’est enrhumée. Plus que fragilisée. Pour enfin accepter les soins du toubib. Docteur BCE a livré sa prescription : sonnante. Et trébuchante, allais-je oublier. Normal, me direz-vous, pour une institution financière mal en point. A la ramasse même. Le hic est que la petite cuillère ne suffit pas. Il faut des besaces et autres coffres-forts immenses pour récupérer les 100 milliards d’euros consentis à ces établissements. Pendant ce temps, les indignés peuvent se livrer davantage à leur sempiternelle manifestation, ils connaissent la réponse du berger à la bergère : le chien aboie, la caravane passe. En fait de caravane, c’est au manège de l’un des plus luxueux auquel il faut s’attendre, au vu des sommes en jeu, enjeux obligent. Car il s’agit encore une fois de sauver cette zone euro qui laisse de plus en plus ses enfants au bord de la route, de l’abîme même, pour beaucoup. In fine, ce sera pourtant à eux de payer. Peut-être pas ceux de la Grèce, pour les raisons que nous savons tous implicitement, insolvabilité et mauvaise volonté étant désormais caractérisées et indigestes chez eux, à en croire plus d’un observateur. En tous les cas, les citoyens de ce côté-ci des Pyrénées paieront. A commencer par votre serviteur. Pour autant, aurons-nous voix au chapitre ? Non mais…! Faut pas rêver. Depuis quand le citoyen payeur est-il ordonnateur ?

Le plus douloureux dans ce bal qui vire au ballet tragi-comique est que la suite semble bien connue à l’avance. Pour qui sait compter comme tout bon banquier, après 10 c’est bien 11, non ? Après l’Espagne, l’on parle de l’Italie. Que fait-on ? On s’y prépare comme le gouvernement Bush Jr s’était pris pour contrer l’Ouragan Katrina. Attentisme, valse-hésitation. Panique. Et…? Nous retenons tous notre souffle et refusons d’envisager le chaos. Un optimisme qui coûte cher. Témoin il nous pousse à payer chaque fois davantage. Pour certains, et pas pour d’autres.

Car les banquiers apparaissent dans notre zone euro comme de véritables bénis des dieux. De la BCE ils auront reçu plus de 1 000 milliards. Des liquidités encaissées au taux de 1 %. Qui dit mieux, à part les bénéficiaires du prêt à 0 % ? Pas grand monde en tous les cas. Avec une telle (in)fortune selon que l’on est banquier ou pas, le bal peut continuer. Aux frais du contribuable européen. Mais au fait, pourrait-il en être autrement ? Que serait la zone euro sans ses banques ? Elle existerait probablement, sur la base de règles qui restent à définir. Un effort de conception originale reste à consentir.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

Amae Martin
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