Les deux organismes de protection des consommateurs ont passé au crible des centaines de relevés de compte de difficultés financières ponctuelles ou persistantes, un travail au terme duquel ils dévoilent une étude comparative. Où l’on constate que l’ensemble des banques participe à un mécanisme bien rôdé de facturation de frais pour incidents de paiements.
Ainsi, les Frais de chèque sans provision, de rejet de prélèvement, d’agios, de découvert dépassé, de commission d’intervention, d’avis à tiers détenteur… tous ces actes donnant lieu à un incident qui génère des frais énormes. Comme si cela ne suffisait pas, le marché bancaire en invente de nouvelles ; dernière en date, la « lettre d’avertissement pour compte débiteur : d’un montant variant de 12 à 20 € s’est propagé. En moyenne, la banque prélève 34 € de frais pour incidents par an sur l’ensemble de ses clients. Pour les clients en difficulté, la note flambe pour atteindre 296 €. Une personne en difficulté sur cinq s’est vu prélever plus de 500 € de frais d’incidents.
Mais l’enquête va plus loin. Et révèle également les « coulisses » des pratiques bancaires : où l’on découvre que 56 % des conseillers bancaires interrogés affirment que la commission d’intervention à 8 € est automatisée et n’implique aucune intervention humaine, contrairement à ce que prétendent les banques. Un conseiller sur trois affirme avoir reçu des instructions pour limiter les remboursements, notamment sur les populations les plus en difficulté.
A l’arrivée, 60 Millions de consommateurs et l’UNAF évaluent ces frais punitifs à un chiffre d’affaire annuel de 6,5 Milliards d’euros et un bénéfice net de 4,9 Milliards d’euros. Rien que cela !
Derrière ces chiffres se trouvent des personnes en situations délicates qui ne peuvent plus s’en sortir. Les plus impactés sont le plus souvent salariés du secteur privé, fonctionnaires ou retraités. Au lieu d’avoir une vertu pédagogique, comme les banques le prétendent, les frais d’incident les enfoncent davantage encore dans la difficulté, ce qui finit par troubler non seulement l’équilibre économique des personnes mais aussi leur vie familiale, leur santé, leur rapport aux autres.
Le principe de ces tarifications n’est pas en cause. 60 Millions de consommateurs et l’UNAF alertent les pouvoirs publics sur les conséquences de ces cascades de frais, sur le budget des familles, sur l’image du système bancaire, et même sur le quotidien des conseillers bancaires. L’UNAF estime que les pouvoirs publics ont un rôle à jouer pour mieux encadrer ce système de frais bancaires punitifs, mais aussi pour inciter le monde bancaire à faire évoluer le modèle économique et marketing proposé à leurs clients en situation de fragilité financière. Au-delà, il s’agit de développer les structures capables de conseiller les familles dans leur choix budgétaire et bancaire, fonction indispensable que n’assurent plus les banques aujourd’hui.