Le groupe de protection sociale a organisé le colloque « Santé et protection sociale : nouvelles attentes, nouvelles frontières » en partenariat avec Terra Nova le 30 novembre. L’occasion pou lui de présenter les résultats d’une enquête qu’il a conduite sur les attentes des Français en matière de santé. Réalisée par Harris Interactive, l’étude fait la conception qu’ont les Français de la santé aujourd’hui et sur leurs préoccupations dans ce domaine.

Il en ressorts plusieurs enseignements comme par exemple ce que signifie être en bonne santé. Pour les Français, en ces termes, ils évoquent d’abord spontanément le fait de ne pas être malade ou de ne pas avoir de maladie. Cet aspect en est même d’ailleurs la définition pure et simple pour près de la moitié de la population : en effet, 47% des Français estiment qu’une personne peut être considérée en bonne santé à partir du moment où elle n’est pas malade. Cependant, pour 52% d’entre eux, la bonne santé ne se résume pas à cela, et de nombreux autres aspects sont spontanément mentionnés, comme le bien-être, la forme physique, le fait de bien manger, de se sentir bien dans son corps, de faire du sport, etc. Pour la grande majorité des Français, au-delà du fait de ne pas être malade, il est primordial, pour considérer qu’on est en bonne santé, d’être bien dans sa tête (très important pour 68% d’entre eux), en pleine possession de ses capacités intellectuelles (69%) et physiques (62%) et de se sentir bien dans son corps (60%). Les bonnes relations aux autres (famille, proches, collègues) sont également prépondérantes pour 44% des interviewés. Pour être en bonne santé, la composante environnementale est également considérée comme très importante pour une majorité de Français. 70% d’entre eux – et jusqu’à 76% chez les plus jeunes – ont en effet le sentiment que l’environnement dans lequel ils évoluent (climat, qualité de l’air, qualité de l’eau, etc.) a un impact fort sur leur santé. Autre enseignement important, les Français considèrent qu’il y aurait aujourd’hui des disparités de prise en charge les concernant. Ainsi, les maladies chroniques (70%) et les soucis de santé qui ne sont pas liés au travail (64%) apparaissent comme des problèmes bien traités au niveau national. En revanche, à l’autre bout du spectre, d’autres sont majoritairement considérés comme mal pris en charge, tels que les problèmes psychologiques liés au travail de type stress, angoisse, burn out (69%), la dépendance (64%) et les problèmes de santé physique liés au travail (57%). La gestion de l’accès aux soins pour tous, de même que la question du traitement des addictions, divisent les Français, la moitié d’entre eux estimant que ces enjeux sont bien pris en charge, l’autre moitié que ce n’est pas le cas. Alors que les problèmes de santé liés au travail sont majoritairement vus comme mal traités en France, les Français estiment qu’ils sont particulièrement dans l’air du temps et qu’ils en entendent plus parler aujourd’hui qu’il y a 10 ans : c’est surtout le cas concernant les problèmes d’ordre psychologique (69%) mais aussi, de manière un peu moins prononcée, ceux d’ordre physique liés au travail (56%). Ils expriment également le sentiment que plusieurs sujets spécifiques au monde professionnel mériteraient davantage d’attention. Le bore out (ennui au travail), le burn out (épuisement professionnel), et les questions de pénibilité physique au travail, pour plus de 6 Français sur 10, sont ainsi vus comme insuffisamment pris en compte dans la société française.

Quid des addictions ? Cette question, particulièrement émergente elle aussi selon les interviewés (58% ont le sentiment qu’on en entend plus parler qu’il y a 10 ans) représente également une source d’inquiétude. S’ils ont le sentiment que certaines d’entre elles, correspondant à des enjeux connus depuis longtemps, sont plutôt bien prises en charge, comme l’addiction au tabac (61%), à l’alcool (57%) ou aux drogues (53%), d’autres apparaissent comme bien plus en souffrance. En particulier, les Français estiment que les addictions liées aux nouvelles technologies numériques sont aujourd’hui encore mal accompagnées, qu’il s’agisse de l’addiction aux jeux vidéo (mal prise en charge pour 75% d’entre eux), aux réseaux sociaux (77%) ou au smartphone (78%).

En fait une meilleure santé de demain passe par la prise en compte du numérique, considéré comme source potentielle d’addiction. Pour autant, les nouvelles technologies sont aussi perçues positivement par les Français dans le cadre d’une prise en charge médicale, notamment en ce qui concerne les maladies chroniques. Si leur traitement est plutôt perçu comme bien pris en charge aujourd’hui (70%), il pourrait être encore amélioré grâce à des outils de e-santé, utiles aux patients au quotidien. Les Français encouragent ainsi le développement de systèmes d’alerte numériques permettant aux malades de prévenir leurs proches en cas d’urgence (jugés utiles par 91% d’entre eux), le déploiement d’un dispositif de dossier médical centralisé (90%) et le recours à des objets connectés pour suivre sa santé et ses traitements au quotidien (78%).

En fait, avoir recours à des solutions numériques n’est cependant pas considéré, à l’heure actuelle, comme la solution privilégiée en cas de difficulté d’accès à des soins. S’ils souffraient d’un problème de santé de gravité moyenne (de type angine, otite ou rhinopharyngite) mais n’avaient pas accès immédiatement à leur médecin traitant, les Français choisiraient ainsi en premier lieu de pratiquer l’automédication (44%) ou d’attendre le temps nécessaire pour consulter leur médecin (31%), bien avant de se tourner vers les prestations de soins à domicile (18%) et finalement vers la téléconsultation (16%).

Quant à la question de la dépendance, une majorité de Français considère qu’on en parle de plus en plus depuis 10 ans (60%) et juge qu’elle est mal prise en charge aujourd’hui (64%). Elle est perçue sous l’angle d’une double priorité pour l’avenir : le développement des aides pour les personnes qui elles-mêmes s’occupent de personnes en situation de dépendance (37%), mais surtout, le développement de dispositifs permettant de maintenir le plus longtemps possible chez elles les personnes en perte d’autonomie (53%), que ce soit grâce à des aides à domicile, un accompagnement médical spécifique ou une adaptation de leur logement, autant de dimensions où le numérique pourrait jouer un rôle.

Méthodologie 

 Enquête réalisée en ligne du 6 au 8 novembre 2018 sur un échantillon de 1 000 personnes, représentatif des Français âgés de 18 ans et plus. Méthode des quotas et redressement appliqués aux variables suivantes : sexe, âge, catégorie socioprofessionnelle et région de l’interviewé(e).

 

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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