Jamais thème n’avait occupé aussi les esprits des assureurs auto. Même les Big data, qui promettent monts et merveilles aux porteurs de risques, n’ont pas hanté autant leur esprit. Et pour cause, la voiture autonome remet en cause leur modèle opérationnel et entraîne des interrogations existentielles.

Oui, les assureurs auto se demandent s’ils vont survivre à cette révolution. Ils en ont vu tant d’autres. Et y ont résisté. Alors pourquoi s’en plaindre ? Reste que la donne n’est pas la même. A chaque époque ses enjeux. En embarquant la technologie dans « ces chambres d’hôtels ambulants » que seront les voitures connectées comme dirait Me Bensoussan, avocat en droit numérique et des technologies avancées, les constructeurs challengent les assureurs sur leurs métiers même : la capacité à gérer le risque qu’elles présentent. Non seulement ils le réduisent à sa plus simple expression faisant de chaque conducteur un bon risque, mais ils entendent verrouiller ces véhicules intelligents, interdisant à tout corps, ici de métier, étranger, de s’y inviter. D’ores et déjà, les constructeurs interdisent la réparation par un tiers non habilité, de leurs voitures bourrées de technologies. Il faut se rendre chez un concessionnaire pour régler le moindre disfonctionnement. Faute de quoi la garantie qu’il octroie devient caduque. On peut donc penser facilement qu’intégrer des boîtiers de Pay as you drive (PAYD) deviendra coûteux et voir impossible. On le voit avec la Zoé, voiture électrique qui va bientôt arriver sur le marché, intégrant en natif un dispositif de PAYD, les actuaires n’auront plus qu’à utiliser la solution proposée. En fait, dans ce modèle, l’assureur perd une partie de sa mission qui échoit désormais au constructeur, en l’occurrence Renault. Pourquoi pas, proposant un véhicule sûr, il est certain de proposer un contrat RC compétitif à l’acheteur de sa voiture, avec garantie de bénéficier d’un ratio sinistre /sur prime à faire pâlir tout assureur traditionnel.

Beaucoup tissent déjà des partenariats

Comment ne pas laisser quelques plumes dans ce combat de la voiture autonome que les observateurs disent perdu déjà d’avance par les assureurs ? Si la technologie est prête et les usages balbutiants, ils ont tout intérêt à profiter de ce temps de flottement pour bâtir un nouveau modèle d’écosystème intégrant les constructeurs, notamment. A la tête d’un tel consortium, ils pourraient impulser une certaine dynamique et l’orienter. Beaucoup l’ont compris, qui tissent des pôles avec différents acteurs. Et réfléchissent sur la voiture connectée dans tous ses compartiments. Mais dans ces pourparlers, l’assureur a tout intérêt à filer bille en tête : être le propriétaire du contrat de services qui risque de lui échapper pour tomber dans l’escarcelle du constructeur.

Le monde demain, celui de l’assurance des robots

Espoir. A en croire Me Alain Bensoussan, la voiture autonome est loin d’être une menace pour les assureurs. Mieux, elle constitue même une opportunité pour eux. Etant synonyme de données, ils pourront en tirer parti dans cette société plus que jamais dominée par le paradigme du Data driven. De même, ils auront tout loisir à gérer cet accumulateur d’énergie mobile qu’est la voiture connectée. Avec la verve truculente qu’on lui connaît, il affirme péremptoire : « le monde de demain sera encore plus assurantiel alors que la sinistralité va baisser. En fait, il pense, entre autres, à des dommages sériels que les robots pourront générer et la couverture des risques associés. Ceux qui sauront bien s’entourer tirer mieux leur épingle du jeu sans être piqué. Car le monde de demain sera celui de l’assurance des robots.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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