Réseaux sociaux, comparateurs, sites marchands, etc. Tous ces espaces nous poussent à décliner notre identité numérique. Sans le savoir, nous voilà propulsés au pays de George Orwell. Le fictif en moins, la réalité en plus. Big brother a mis la main sur vous, sur nous. Il vous surveillera désormais sans répit.

A l’instar de notre identité classique confinée sur les registres officiels des pouvoirs publics, notre adresse numérique est précieuse. Nous devons la conserver jalousement. Et la décliner uniquement quand cela est nécessaire. Dans la pratique, il n’en est rien. AXA a beau avertir l’internaute dans son précis intitulé « Le Bon sens numérique », le surfeur sur le Web dévoile facilement son identité, au moindre contrôle, y compris des sommations présentées par des acteurs sans légitimité aucune. Des exemples ? Ils sont légions. Un seul suffira, toutefois, à vous faire frémir. Vous entrez dans une galerie marchande virtuelle. Dès la page d’accueil, à l’orée du magasin dira-t-on, vous êtes contraint de présenter votre identité numérique : adresse électronique, âge, lieu de résidence, date de naissance, etc. Comme s’interroge fort à propos Frédéric Thu, correspondant Informatique & Liberté, viendrait-il à l’idée du propriétaire d’une enseigne commerciale d’instaurer une telle pratique dans la vraie vie ? Un commerçant, fut-il en situation de monopole parfait, pourrait-il vous imposer de remplir une fiche d’information avant de visiter son enseigne et d’évaluer ses offres ? Ce serait incontestablement la débandade. Pourtant, les vendeurs ayant pignon sur… Web usent et abusent de ce manège qui a pour finalité d’engranger un maximum de données sur vous et moi. Une véritable mine d’or au service de leur stratégie d’affiliation. Corollaire, votre identité est revendue à tour de bras. A tout va. Vous venez de comparer quelques tarifs sur un site de grande distribution ? Vous voilà envahi dans la journée par des propositions sur mesure provenant de sites sur lesquels vous n’avez jamais (dé)posé vos pieds, pardon !, votre adresse numérique. Qu’en est-il du rôle de vos données ? Quid de leur (sur)vie ? Elle pourrait être plus longue que celle d’une bouteille en plastique jetée dans cette mer qu’est le Net. En tout cas, vous voilà incapable de répondre à ces interrogations qui peuvent longtemps vous paraître triviales. Jusqu’au jour où un cybercriminel déciderait d’utiliser votre adresse usurpée sur un site marchand, par exemple, pour sévir. Et frapper sous votre couvert. Je vous laisse imaginer la suite ! Le monde virtuel pourrait vite rejoindre le réel. Le réveil difficile.

Je vous économise le catastrophisme dépeint par Georges Orwell dans sa désormais célèbre œuvre, 1984. Gardons tout simplement à l’esprit que nos identifiants numériques deviennent à tout le moins aussi importants que notre carte d’identité officielle. Rien ne vous oblige à livrer vos véritables données personnelles sur le Net.

Face à la montée en puissance de la cybercriminalité, la Cnil multiplie les contrôles pour démasquer les abus. Les amendes pour fraude vont être plus conséquentes. Elles pourraient aller jusqu’à 2 % du chiffre d’affaires des contrevenants. Pour les entreprises, présentes sur le Web, elles ont tout intérêt à adopter une démarche de Privacy by Design dans la réalisation de leurs outils Web afin de les aligner sur la réglementation relative au respect des données personnelles. Pour autant, le consommateur devra rester vigilant. Depuis que les cybercriminels ne travaillent plus pour la gloire et les sites Web décidés à faire de nos données numériques de véritables petites, restons vigilants.

Emmanuel Mayega

Rédacteur en chef

©CAPA Conseil,

Amae Martin
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