Ils hantent notre espace aérien depuis plusieurs mois. Jouent au chat et à la chauve…souris à laquelle ils ressemblent, selon les modèles. Quelles menaces introduisent dans notre société digitale ces objets connectés que sont les drones ? Les risques sous-jacents sont-ils transférables aux assureurs ?
Le survol de nos territoires par des drones a commencé par alimenter la rubrique des faits divers. Effet de surprise oblige, beaucoup sont restés coi sans même parfois s’interroger sur l’impact de leur présence au-dessus de nos ciboules. A contrario, en ces heures de cybercriminalité aggravée, une poignée d’observateurs s’est indignée, à juste titre. Une indignation qui a résonné jusqu’à l’épicentre du pouvoir. Au point que le Palais Bourbon a enjoint le gouvernement de lui présenter un rapport en la matière en septembre prochain. Entre-temps, le manège se généralise. Trois journalistes interpellés pour s’être livrés à la conduite de ces objets volants identifiés sur Paris ; d’autres imprudents qui entrent dans ce bal aérien sans couloir de vol attribué, certains allant même jusqu’à tutoyer des centrales nucléaires. Le ton monte, non pour cause de vrombissement de ces drones quasi-silencieux mais pour tirer la sonnette d’alarmes. Les risques potentiels sont à la hauteur de notre imagination : accidents, cyber-espionnage, etc. Des drames en puissance causés par des drones souvent furtifs. Alors que faire face à ces risques potentiels ? En faire une source de drachmes ?
Une évidence : notre environnement doit s’y adapter. Tout de go, disons-le : la législation doit suivre ; et définir les responsabilités des exploitants de ces objets qui ne sauraient voler sans autorisation préalable en zone urbaine et sensible. Cela implique une immatriculation ou toute autre identification. Pour autant, la législation ne devrait pas être synonyme de blocage pour ces objets qui, mis à contribution à bon escient, peuvent être créateurs de valeur. Ici, le législateur a l’obligation d’avoir la main ferme et lumineuse pour placer le curseur là où il se doit. Et le bouger, si la donne change. Vigilance, donc. Une vigilance qui prend le ton de la réactivité sur le terrain économique.
Spécialistes de la gestion de risques, les assureurs doivent être au premier plan pour analyser le couple menace/opportunités, concevoir avec leurs actuaires des solutions de transfert de ces risques. La gesticulation marketing constatée ces temps derniers sur le terrain doit céder la place à de vrais études de cas et à la réalisation de garanties sur mesure, sur la base d’un cadre juridique dont les jalons restent à adapter aux réalités mouvantes.
En attendant, vous l’aurez remarqué, certains occupent déjà le terrain. L’assureur vert a dévoilé une offre assurantielle pour protéger contre les drames des drones. Contre les risques associés. Dans ce domaine qui ne ressemble pas à celui des applications digitales lancées à tout va et parfois sans réelle finalité opérationnelle, les aléas sous-jacents à l’entrée en scène de ces objets volants pourraient générer des indemnisations lourdes. Au point de peser sur les équilibres techniques ? Difficile à dire. Mais avec l’accélération du prudentiel porté par l’ACPR dans un contexte de Solvabilité 2 prêt à monter en charge, la prudence s’impose. En clair, la matière assurable sur ce terrain est potentiellement attractive mais volumétriquement mystérieuse. Rien ne garantit pour l’heure un effet de masse qui pourrait attirer plus d’un porteur de risques. Mais il faut y prendre position. Prudemment. Savoir où placer le curseur, je vous l’ai dit. Exercice difficile pour des objets volants.