Le moteur de recherches le plus important au monde vient de dénoncer la condamnation de 100 000 euros d’amende qui lui a été infligé par la Cnil pour non application du droit à l’oubli à l’ensemble de ses extensions géographiques.

 

Sur la base des normes nationale et européenne, Google ne respecte pas le référencement des personnes physiques au sein du moteur de recherches. Comme l’explique Me Antoine Chéron, avocat spécialisé en propriété intellectuelle et NTIC, fondateur du cabinet ACBM, « suite à la décision de la Cour de Strasbourg, la société Google a accédé en demi-teinte aux demandes des internautes. Après avoir créée un formulaire à cet effet, elle a procédé au déréférencement de certains résultats mais seulement sur les extensions européennes du moteur de recherches comme google.fr ou google.uk. A contrario, elle refuse catégoriquement de faire jouer le droit à l’oubli des personnes sur le portail google.com. Or, tout le monde peut utiliser cette extension, ce qui revient à rendre illusoire le déférencement. » En clair, Google a décidé de traîner les pieds et de résister de manière voilée aux injonctions de la Cnil.

La suite souligne clairement ce manque de volonté caché derrière des manœuvres dilatoires, comme l’illustrent les propos de Me Chéron : « en mai 2015, (…) la présidente de la Commission nationale de l’informatique et des libertés (CNIL) a publiquement mis en demeure le moteur de recherche mondial n°1 d’accéder aux demandes de déréférencement sur tous les noms de domaine de la société. Un recours gracieux a été formé fin juillet 2015 par Google faisant valoir que l’injonction entraverait le droit à l’information de ses internautes tout en instaurant une forme de censure. Selon la société, il ne revient pas à une agence nationale de protection des données à caractère personnel de se revendiquer « une autorité à l’échelle mondiale pour contrôler les informations auxquelles ont accès les internautes à travers le monde ». Le recours gracieux ayant été rejeté, la CNIL a engagé une procédure de sanction à l’encontre du géant américain avec une condamnation de 100 000 euros d’amende pour ne pas avoir appliqué le droit à l’oubli sur l’ensemble de ses extensions géographiques.

Jeudi, 19 mai dernier, Google a fait appel de cette décision. Pour l’avocat, Google « ne veut pas se laisser dicter sa conduite par la Cour de justice de l’Union européenne et certainement pas par une autorité administrative française. » Et d’analyser : « le projet de loi pour une République numérique conforte la position de la CNIL en consacrant un droit à l’oubli pour les mineurs. De plus, toute personne pourra dorénavant organiser les conditions de conservation et de communication des données à caractère personnel la concernant après son décès, ce qu’on peut rattacher au droit à l’oubli. » En clair, le bras de fer entre le moteur de recherches et les autorités nationale et européenne ne fait que commencer.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

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