L’étude conduite par le spécialiste de l’assurance à l’export montre que l’Hexagone fait partie des six pays qui seraient les plus touchés par la sortie du Royaume -Uni de l’UE.

Dans sa dernière étude, intitulée « Brexit : que doit craindre l’Europe ? », le spécialiste de l’assurance-crédit présente les potentiels impacts d’un Brexit avec ALE (scénario favorable) et sans ALE (scénario défavorable) pour le Royaume-Uni et la plupart de ses partenaires commerciaux. Premier enseignement : même en cas de scénario favorable, la croissance réelle du PIB britannique pourrait diminuer de -2,8 points entre 2017 et 2019, et 1 500 faillites d’entreprises supplémentaires seraient enregistrées. Quid en cas de scénario défavorable ? L’impact serait bien plus sévère : ainsi, d’ici 2019, la croissance réelle du PIB reculerait de -4,3 points, et 1 700 cas de défaillances d’entreprises supplémentaires seraient recensés.

Commentant ces résultats, Ludovic Subran, Chef économiste d’Euler Hermes, a déclaré : « sans la signature d’un ALE pendant la période de négociations relative à un éventuel Brexit, le Royaume-Uni entrera en récession dès 2019. Une telle situation provoquerait un recul considérable de son PIB et une forte dépréciation de la livre sterling, dégradant les chiffres d’affaires et les marges des entreprises britanniques. Mais même si un nouvel accord de libre-échange avec l’UE est signé, la hausse des coûts de financement, le désinvestissement et la chute des exportations contribueront à l’apparition d’un climat d’affaires tendu au Royaume-Uni. »

En cas de scénario défavorable, le Royaume-Uni pourrait perdre jusqu’à 30 milliards d’euros à l’export d’ici 2019, ce qui représente 8 % du total de ses exportations. Il lui faudrait au moins 10 ans pour combler ce vide.

Autre enseignement, la dépréciation de la livre sterling et la chute du PIB britannique découlant d’un Brexit entraîneraient une importante baisse des importations du Royaume-Uni en provenance de la zone euro. En cas de scénario défavorable, les pertes à l’export cumulées de biens et services entre 2017 et 2019 pourraient atteindre les 23,5 milliards d’euros pour la région. Même en cas de signature d’un ALE, les pertes à l’exportation de biens et services seraient de 17,4 milliards d’euros. Euler Hermes estime qu’un Brexit aurait un impact particulièrement significatif sur les Pays-Bas, l’Irlande et la Belgique, du fait de leurs exportations et de leurs investissements croisés avec le Royaume-Uni. Dans ces pays, un scénario défavorable aurait un impact sur la croissance des défaillances d’entreprises de respectivement +2,5 points, +2 points et +1,5 points d’ici 2019. L’Allemagne serait aussi considérablement affectée, perdant au total 6,8 milliards d’euros d’exportations de marchandises, dont 2 milliards pour le secteur automobile.

Par ailleurs, en matière d’exportations et de croissance réelle du PIB, la France serait sévèrement touchée. La chute des importations britanniques en provenance de zone euro aurait un impact direct et non négligeable sur les exportations françaises, que la sortie du Royaume-Uni soit accompagnée d’un ALE ou non. Selon Ana Boata, économiste Europe d’Euler Hermes, « la demande supplémentaire adressée à la France sur la période 2017-2019 sera fortement amoindrie par un éventuel Brexit. En cas de scénario favorable, la France devrait perdre 2,4 milliards d’euros en exportations cumulées de biens et services, contre 3,2 milliards en cas de scénario défavorable. »

A l’échelle sectorielle, un Brexit sans ALE serait particulièrement préjudiciable aux exportations en chimie (-0,52 milliard d’euros), en machines et équipements (-0,48 milliard), et en agroalimentaire (-0,39 milliard). Il pourrait également conduire à un désinvestissement des entreprises françaises au Royaume-Uni, et des entreprises britanniques en France. Une potentielle perte sèche en investissements cumulés qui représenterait 3,2 milliards d’euros cumulés sur 2017-2019 en cas de scénario favorable, et 5,2 milliards d’euros en cas de sortie défavorable.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

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