Prise en charge de la couverture des aléas par les uns et leur financement à travers des lignes de crédits par les autres. Le management du risque reste au cœur des activités des assurances et des banques. Mais voilà qu’en arrivent de nouveaux, difficilement contrôlables et donc peu transférables. Il faudra faire avec.

Combien de Charlie ont-ils battu le pavé pour soutenir la liberté d’expression ? Difficilement estimables au manifestant près.  Une évidence : la foule a su faire foule, comme l’aurait dit le regretté Aimé Césaire. Nombreux sont ceux qui ont manifesté contre le terrorisme, un risque parmi tant d’autres qui nous hante désormais. Et que nous avons de plus en plus du mal à maîtriser. Il peut frapper partout, à tout moment, provenant d’un ennemi ambulant non identifié (Eani).

Là où le monde de la Guerre froide nous offrait un adversaire isolé et confortable, en l’occurrence l’ancien bloc de l’Est, l’après-mur de Berlin a ouvert la porte à un univers du risque incontrôlable et permanent. Inconfort. Nous avons vécu, nolens volens, dans cet environnement, jusqu’à la généralisation du digital. Encore lui ! Il élargit le champ des possibles, y compris en matière de risques. Des esprits mal intentionnés le mettent désormais à contribution pour nuire. La vitesse d’exécution qu’il autorise change ainsi notre rapport au risque. Le citoyen doit rester éveillé, l’entreprise vigilante, l’Etat anticipateur. Mieux, tous les acteurs économiques doivent, de concert, lutter contre le risque multiforme. Avant, nous savions à peu près à quel aléa faire potentiellement face ; désormais, ce peut être tout : la fraude sur votre compte bancaire, un attentat terroriste, l’usurpation de votre identité numérique, l’arrêt du site web de votre banque, etc. Le pire est que parfois nous sommes cyber-attaqués sans même le savoir. Demandez aux visiteurs et exposants du FIC 2015. Ils ont pu aborder la cartographie du risque pluriel et les moyens d’y faire face. Où l’on se rend compte d’une réalité passée inaperçue ces dernières années : la cybercriminalité est devenue une affaire beaucoup trop sérieuse pour être laissée entre les mains exclusives des civils.

“Où l’on se rend compte d’une réalité passée inaperçue ces dernières années : la cybercriminalité est devenue une affaire beaucoup trop sérieuse pour être laissée entre les mains exclusives des civils. Si le clic…quetis” du clavier a remplacé le bruit des bottes et que le théâtre des opérations passe par le virtuel, la réalité s’impose à nous : l’Etat s’invite dans ce combat. “

Si le “clic…quetis” du clavier a remplacé le bruit de bottes, et que le théâtre des opérations passe par le virtuel, la réalité s’impose à nous : l’Etat s’invite dans ce combat. Il était temps, me direz-vous, si l’on en juge à travers les affaires Snowden et autres actes terroristes qui empruntent le biais du digital pour généraliser le risque. Salve d’applaudissement donc pour cette entrée en scène. Mais inquiétude potentielle sur la méthode, tout de même. Quelles sont les limites que se donne cet État qui peut se cacher derrière la lutte anti-criminalité pour se forger un visage de Big…Father ? Demandez aux journalistes anglais qui, ces jours derniers, voient leurs correspondances digitales allègrement violées par les services secrets. La tentation est grande de se consoler en se disant que maîtriser le risque doit passer avant tout. Y compris la violation de nos secrets les plus profonds ? Gardez cette interrogation à portée d’esprit, le cas échéant, elle vous hantera désormais en ce monde du risque permanent qui, pour l’instant, reste peu transférable aux assureurs et profite peu aux investisseurs. En fait, il nous fragilise tous. La solution ? Elle est heureusement dans le digital. Un digital qui expose. Un digital qui renforce. Reste à savoir comment capitaliser sur cet input ambivalent.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

Twitter LinkedIn Google+

Newsletter

Vous n'avez pas le temps suivre l'actualité ? Découvrez nos newsletters gratuites, quotidiennes ou hebdomadaires.

Inscription Newsletter


Le Mensuel

Chaque mois, un regard éclairé et sans concession sur l'actualité de l'Assurance, de la Banque et des Services Financiers.

Découvrir le magazine