La société de conseil, de design et de mise en œuvre technologique, accompagne depuis 2001 PME, grands groupes et ETI dans leur transformation digitale. Partant de son expérience et d’échanges construits avec ses entreprises clientes, elle publie son premier baromètre de la transformation digitale. Une problématique simple s’en dégage : Où en est-on ? Quelles sont les tendances structurantes ? Quels sont les nouveaux sujets à explorer ? Autant de questions auxquelles ce baromètre apporte des éléments de réponse.

Ce baromètre révèle les principaux enseignements et chiffres-clés :

La crise sanitaire a été une accélératrice de transformation digitale ; Dans cette dynamique, le manque de priorisation entraine un risque de dispersion. L’on constate qu’une transformation digitale réussie passe par la co-construction. Autres enseignements, les usines digitales doivent s’industrialiser pour gagner en impact ; la mise en place de briques technologiques est en bonne voie. Pour autant, maîtriser l’architecture des Systèmes d’Information et du digital reste la clé de voûte et les talents feront la différence. Les entreprises gardent un œil sur certains sujets d’avenir et 87% parmi elles estiment que l’organisation agile « en mode produit » est un élément indispensable de leur transformation. 70 d’entre elles déclarent lier au moins 3 objectifs prioritaires en lien à la transformation digitale ; 74% des dirigeants font aujourd’hui du digital une priorité de leur entreprise. Plus de 60 %  parmi elles reconnaissent qu’il leur reste à faire pour articuler les usines digitales avec les autres transformations  ; 70 % ont accéléré leur transition digitale sous l’effet de la crise sanitaire. Entre 2021 et 2022, 48% des entreprises ont augmenté leurs investissements en la matière de plus de 10% et 26% de plus de 20% – 9 entreprises sur 10 placent le recrutement dans le TOP 3 de leurs priorités et 6 sur 10 en tête de toutes leurs priorités.

Pour résume Romain Delavenne, Directeur Consulting chez Niji, « la transformation digitale se porte bien, même très bien. Accélérée par la crise sanitaire pendant laquelle les entreprises ont mesuré la valeur du digital, elle bénéficie aujourd’hui d’une mobilisation croissante des dirigeants et d’investissements substantiels. Mieux, les équipes IT ont su valoriser leur contribution au bon fonctionnement de l’entreprise et sont plus souvent associées à l’atteinte de ses objectifs. Sur le plan technologique, la situation va également dans le bon sens : les usines digitales (« Digital Factories ») sont en place, les systèmes d’information sont partiellement modernisés et les principaux investissements (API, Cloud, …) ont été réalisés. Ce socle solide va permettre d’accélérer et de se mettre au niveau des nombreux enjeux – de croissance, performance, concurrence, engagement clients, etc. – de l’entreprise. Une deuxième phase peut et doit donc s’ouvrir, en considérant l’opportunité comme un véritable levier technologique au service d’objectifs métiers et business. Ceci étant dit, l’amorce de cette seconde phase implique une évolution exigeante des façons de travailler. Prioriser, mesurer, industrialiser, voici les grands enjeux des années qui viennent pour permettre à la transformation digitale de gagner en puissance et de servir plus efficacement la stratégie de l’entreprise. »    

Dans le détail, ces enseignements apportent des lumières sur l’état de la transformation digitale. Le baromètre les passe en revue : 

Enseignement #1 : La crise sanitaire a été une accélératrice de transformation digitale

La crise du Covid a entraîné un changement profond des modes de travail au sein des entreprises. Elle a ainsi engagé une vaste expérimentation, prouvant la contribution du digital – et par là sa valeur – au bon fonctionnement, et au développement de l’entreprise. Les chiffres le prouvent : 7 entreprises sur 10 estiment avoir accéléré leur transition digitale sous l’effet de la crise sanitaire. Cette transformation se traduit à présent dans le quotidien des entreprises, au-delà des équipes digitales. Les instances dirigeantes s’y intéressent de plus en plus, et pour certaines, y prennent part. 22% des dirigeants sont ainsi engagés dans la transformation digitale de leur entreprise. Les investissements s’intensifient également. En effet, entre 2021 et 2022, 48% des entreprises ont augmenté leurs investissements de plus de 10% et 26% de plus de 20%

Enseignement #2 : Le manque de priorisation entraine un risque de dispersion

Dans les premières années de la transformation digitale, la priorité a été la réduction des coûts avec la volonté de remplacer certaines fonctions par des interactions digitales. Or on constate aujourd’hui une évolution des attentes et une perception plurielle des bénéfices du digital. En effet, les entreprises voient désormais le digital comme un moyen de contribuer à un nombre croissant d’ambitions. 7 entreprises sur 10 déclarent ainsi lier au moins 3 objectifs prioritaires en lien à la transformation digitale. Ces entreprises attendent notamment du digital qu’il contribue à : l’engagement client (87%) ; la croissance des revenus (82%) ; l’accélération du temps de mise sur le marché de nouveaux produits et services (70%) ; l’acquisition de talents (69%) ; et la réduction des coûts (47%). Cet engouement et les moyens mis en œuvre pour la transformation ne doivent toutefois pas occulter l’importance d’une hiérarchisation des priorités car traduire des ambitions fortes en projets et les mener de front relèvent souvent de l’impossible pour les équipes digitales. L’absence d’une hiérarchisation entre ces ambitions entraîne ainsi un risque de dispersion, avec pour conséquence un moindre effet de la transformation et une surcharge de travail pour les équipes.

Enseignement #3 : Une transformation digitale réussie passe par la co-construction

La transformation n’est pas le seul apanage des équipes IT. En effet, les entreprises s’inspirent de plus en plus souvent de l’organisation « en mode produit » appliquée à une logique de services. Elles réunissent au sein d’une même équipe toutes les personnes – des métiers et de l’IT – capables de contribuer à leur transformation. 48% des entreprises estiment que l’organisation « en mode produit » est un élément indispensable de leur transformation et 39% y accordent une importance critique. Autonomes et disposant d’objectifs clairs, ces équipes mettent fin à l’organisation en silos au profit de l’intelligence collective. Elles dépassent également la simple logique budgétaire annuelle pour proposer une logique itérative pluriannuelle. Les entreprises interrogées manifestent par ailleurs un recours plus régulier au mécanisme d’idéation, processus selon lequel chacun est susceptible de porter des idées et de faire preuve de créativité. 31% des entreprises considèrent que le mécanisme d’idéation compte fortement dans le succès de leur transformation digitale. Les entreprises reconnaissent toutefois que cette phase d’idéation fructueuse entre les métiers et l’IT n’est pas encore complètement maitrisée, avec pour conséquence des échecs dans le développement de certains produits. Enfin, dans un monde idéal, un troisième élément doit permettre à l’entreprise de mener sa transformation digitale tambour battant : la planification agile. Elle est un élément essentiel pour garantir le bon partage des dépendances et la juste allocation des ressources à mesure que les demandes des métiers se précisent. 70% des entreprises considèrent la planification agile comme un élément-clé de leur transformation, dont 22% comme un élément indispensable.

Enseignement #4 : Les usines digitales doivent s’industrialiser pour gagner en impact

Tout le monde reconnaît aujourd’hui l’importance des usines digitales. Au sein des entreprises, elles sont des lieux de création et de livraison de produits et services digitaux mais aussi des incubatrices de nouvelles pratiques de travail, plus agiles avec un fonctionnent entre métiers et IT désiloté. Elles sont désormais synonymes de véritables succès et un apport majeur pour accompagner la transformation de l’entreprise. 70% des entreprises estiment ainsi que les usines digitales jouent un rôle important dans l’adoption et la personnalisation des méthodes agiles selon les projets. Pour autant, plus de 6 entreprises sur 10 reconnaissent qu’il leur reste un effort à faire pour articuler le travail des usines digitales avec les autres transformations en cours : la modernisation du système d’information ou la gestion des données. De plus, 60% estiment qu’un travail important doit être mené pour mesurer la performance et industrialiser les usines digitales.

Enseignement #5 : La mise en place de briques technologiques est en bonne voie

Si le digital a pour objectif de répondre aux besoins et aux attentes des utilisateurs, il n’en reste pas moins que les briques technologiques sont essentielles pour réaliser les produits et services attendus. Ainsi, les entreprises interrogées reconnaissent l’importance du Cloud (100%) et le DevOps (92%). Les API sont également bien intégrées au paysage technologique de l’entreprise (78%). Elles deviennent une brique essentielle pour formaliser et industrialiser la manière dont l’entreprise souhaite exposer ses données, les rendre accessibles dans une véritable logique servicielle. Même si des efforts restent à fournir, il est de plus en plus courant de parler de services d’API utilisés par les développeurs via la mise en place de portails de type « places de marché » qui facilitent la distribution de ces services d’exposition. En effet, après des années de production parfois effrénée de services et produits digitaux, la question anxiogène du risque de cyber associée saisit l’ensemble des entreprises. Près de 9 entreprises sur 10 considèrent la cybersécurité des services et des plateformes comme un enjeu majeur prioritaire. Cela les conduit à construire des approches et framework de développement de services dits « cybersecure by design ». Concernant la data en revanche, les entreprises se cherchent encore. 61% des entreprises s’intéressent au data management mais seulement 22% de façon très forte.

Enseignement #6 : Maitriser l’architecture des Systèmes d’Information et du digital reste la clé de voûte

Après plusieurs années de transformation digitale conduite parfois à marche forcée, 89% des entreprises sondées ont clairement souligné que l’évolution de l’architecture du SI devenait un axe nécessaire. Pour se faire, deux axes d’évolution très complémentaires se dégagent. Le premier vise la modernisation du SI historique (« SI Legacy »). Le deuxième axe concerne la gestion évolutive du patrimoine de l’entreprise via deux attendus structurants : d’abord la mise en place des bons mécanismes d’hygiène, en particulier pour garder la maîtrise des technologies utilisées, en termes de performance comme d’évolutivité ; ensuite la révision régulière du patrimoine digital créé dans une logique de simplification et d’optimisation. Face à des livraisons de produits digitaux toujours plus rapides et des technologies dont les cycles de vie se raccourcissent, il est essentiel que l’architecture du SI puisse contrôler le risque de création et de développement rapide d’une dette technique qui obérerait significativement les futures marges de manœuvre de la transformation digitale de l’entreprise. Cette simplification facilitera en outre le travail de préservation des standards technologiques, d’architecture, de sécurité, etc.

Enseignement #7 : Les talents feront la différence

Les enseignements précédents se traduisent en compétences et en expertises, bref en capital humain. Aussi, les entreprises font face à un enjeu majeur : celui d’internaliser les compétences et les rôles clés, capables de définir, de décider et de maîtriser les domaines d’expertise associés. Alors que la crise sanitaire a mis en exergue cette importance de maîtriser les sujets digitaux en interne, une forte tension apparaît ainsi autour des talents : 9 entreprises sur 10 placent le recrutement dans le TOP 3 de leurs priorités (voire en tête de toutes leurs priorités pour 6 entreprises sur 10).

Enseignement #8 : Les entreprises gardent un œil sur certains sujets d’avenir

Le monde digital est en constante effervescence. Les entreprises en ont conscience et s’intéressent à raison au potentiel des technologies Blockchain, du web 3.0, des évolutions informatiques (no code/low code, etc.) ou encore des mondes virtuels (NFT, Métavers ou Metaverse, etc.). 61% se disent ainsi intéressées par les protocoles capables de stimuler l’innovation interne et/ou de capturer l’innovation externe. S’il est indispensable d’être à l’écoute de ces nouveaux moyens pour se préparer aux évolutions digitales, il reste nécessaire de garder du recul pour évaluer leurs implications sur le long terme et surtout commencer par consolider leur base digitale pour en déployer plus tard tout le potentiel.

La question se pose différemment pour le développement durable qui constitue un champ d’engagement nécessaire pour l’entreprise, attendu de ses parties prenantes : collaborateurs, actionnaires, investisseurs, partenaires, etc. Conscientes des enjeux, le développement durable représente de fait un sujet d’importance pour 56% des entreprises interrogées. Les stratégies digitales des entreprises devront rapidement intégrer la question de la « soutenabilité » en s’interrogeant notamment sur deux dimensions de leurs activités : le recours aux technologies digitales (Green IT) permettant aux entreprises de réduire l’impact environnemental de leur informatique, et les changements induits dans les modèles opérationnels (compensation carbone, économie circulaire, revue des chaînes logistiques, traçabilité, etc.).

Méthodologie : Ce baromètre a été conduit auprès de 23 entreprises clientes de Niji, à la fois ETI, SBF120, CAC40. Ces entreprises sont issues des secteurs de la Banque, des Assurances, de l’Énergie, du Luxe, de la Distribution, des Télécommunications, de la Mobilité, de la Santé, de l’Éducation, des Services et Biens de consommation. Elles représentent les grands secteurs d’activité du pays avec des niveaux de maturité digitale différents. Les contenus de cette étude sont le résultat d’échanges nourris sur la transformation digitale et sur les moyens mis en œuvre.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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