Aujourd’hui, c’est un fait que les entreprises du tertiaire ont acté la performance énergétique et environnementale dans leur fonctionnement quotidien. Dans les banques et les assurances, sans toujours verser dans l’idéologie, les entreprises du secteur tentent de montrer bonne figure. Et toutes, presque sans exception, arborent des services qui soutiennent leur volonté d’éco-durabilité. Certaines vont même plus loin et prennent en compte ces critères dans leurs investissement, l’occasion de mettre au banc des accusés, ceux de leurs fournisseurs qui ne joueraient pas le jeu du vert ! Au-delà de cet engouement marketing pour le Développement durable, que donnent leurs politiques en la matière ?
Le baromètre de l’OID (Observatoire de l’Immobilier Durable), passe à la loupe le comportement des acteurs. En matière de bâtiment, il a passé au crible plus de 17 000, soit 15 % de bureaux parisiens. Interrogées, de grandes banques et assurances comme BNP Paribas, Crédit Mutuel Arkéa, Allianz, Maif, AXA, SwissLife, Macif et autres La Française, ont accepté de jouer le jeu de la transparence en la matière, surtout que le jeu ne se conclut pas par un classement qui pourrait le discriminer négativement. Grosso modo, indique Nicolas DORE, chef de service adjoint du service Bâtiment de l’ADEME, « la LTECV ( loi relative à la transition énergétique pour la croissance verte, ndlr) nous le rappelle : un objectif de -60 % de consommation énergétique en 2050 par rapport à 2010 pour les bâtiments tertiaires, c’est un effort conséquent demandé au secteur pour atteindre l’objectif national de division par 2 des consommations d’ici 2050. » Et de souligner que «
Aujourd’hui, les travaux de rénovation énergétique souffrent d’un manque de lisibilité qui nuit à leur généralisation, tout comme la complexité technique des projets de rénovation ou la dispersion des financements. »
D’un point de vue résultat, il est à noter, selon le baromètre, que les consommations énergétiques réelles des bureaux sont cette année encore en diminution. Cette tendance est confirmée par une analyse à périmètre constant et après correction de la rigueur climatique sur les 7 dernières années. La consommation énergétique diminue de 1,6% par an depuis 2010. Le Baromètre présente également les obligations réglementaires, les freins et les leviers pour l’amélioration de la performance énergétique des bâtiments tertiaires. L’on peut déplorer qu’il n’y ait pas de règle commune sur le périmètre pris en compte pour mesurer les émissions de gaz à effet de serre. En termes de scopes et de postes, les émissions de l’ensemble du cycle de vie sont rarement prises en compte. Cela concerne notamment les émissions liées à la construction du bâtiment.
Au-delà de ces réalités, atteindre l’objectif 2030 du Décret tertiaire implique une diminution des consommations de 3% par an par rapport à 2013.
Du reste, l’OID et ImmoStat ont mené en 2018 une étude sur le lien entre performance énergétique réelle et transactions de bureaux en Île-de-France. Si l’émergence d’une valeur « verte » est indiscutable, portée par les réglementations, les exigences croissantes des investisseurs et les attentes des preneurs pour des bâtiments faisant l’objet de signe de qualité, cela n’oriente pas encore les transactions immobilières vers les bâtiments réellement performants énergétiquement. Les assureurs et les banques sont, toutefois, engagés dans cette trajectoire vers 2030. Il serait mal venu d’indexer l’un d’eux sur son degré de participation à cette lutte verte qui parfois, faut-il le dire, devient un argument de vente. Donc quelque peu à dénoncer en tant que tel.
