La FINMA et la Banque Nationale Suisse, prenant acte des inquiétudes des marchés sur Crédit Suisse, ont pris position hier soir afin de rassurer la communauté des investisseurs sur la situation de la banque et l’engagement des autorités à intervenir en cas de besoin. 

“Le Credit Suisse satisfait aux exigences en matière de capital et de liquidités imposées aux banques d’importance systémique. En cas de besoin, la BNS mettra des liquidités à la disposition du Credit Suisse. “ 

C’est une déclaration de soutien très forte dont les points essentiels sont les suivants : 

1. La banque n’est en aucune mesure candidate à la résolution comme cela a été le cas des banques américaines au cours du week-end dernier ; 

2. La BNS n’indique aucune limite à la mise à disposition de liquidités en faveur de la banque ; C’est, selon nous, une stratégie “à la Draghi”. 

Outre l’essentiel (la banque est solide et la liquidité sera disponible) Il y a deux parties à la fois subtiles et importantes dans le communiqué : 

– la référence finale au ministère des finances, que nous interprétons comme laissant la possibilité d’une participation de l’état au capital (ce que ni la Finma ni la BNS ne peuvent faire) ; 

– la mention express de la mise à disposition de liquidité à la “globally active bank”. Dans le cadre réglementaire de la FINMA, il existe deux types d’institutions systémiques, les globalement actives et les domestiques. Or l’entité globalement systémique est Credit Suisse Group AG, la holding de tête. Cela aurait pu être dit plus clairement, mais notre compréhension est que la liquidité sera donc aussi disponible au niveau de la holding. Cela est une différence importante avec les opération de politique monétaire usuelles qui se font a priori avec les entités opérationnelles et renforce donc la flexibilité financière du groupe. 

Depuis, Crédit Suisse a annoncé : 

– un tirage d’environ 50 milliards de CHF auprès de la BNS (ce qui permet de rassurer ceux qui critiquaient l’absence de montant); 

– un rachat de ses propres dettes seniors comme l’avait fait Deutsche Bank en son temps (ce qui avait permis de rassurer les marchés). Compte tenu des montants tirés le message est “nous pouvons faire plus”; 

– cela va permettre une amélioration du LCR (toutes choses égales par ailleurs, nous calculons le nouveau LCR à 200%) 

– enfin Crédit Suisse rappelle être “positionné de manière conservatrice par rapport aux risques de taux d’intérêt. Le volume des titres à revenu fixe à duration n’est pas significatif par rapport à l’ensemble du portefeuille HQLA (actifs liquides de haute qualité) et, en outre, il est entièrement couvert contre les fluctuations des taux d’intérêt.” Ceci a pour objectif que les marchés comprennent enfin que ça n’a rien à voir avec SVB. 

D’autres développements sont possibles afin de totalement sécuriser la franchise clients. Le M&A est de plus en plus une option possible. 

Le contenu de ce document reflète notre analyse de la situation mais ne constitue en aucun cas une recommandation d’achat. 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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