Elle est présente partout, cette sinistrose qui nous mine, met à mal notre productivité et, du coup, plombe l’économie nationale, créant ainsi un cercle vicieux. Comment s’en sortir ?
Je vous le livre tout de go ! En mille. Il va falloir adopter la positive Attitude. Rien que cela ! Un appel nous est ainsi lancé par deux personnalités et non des moindres : Jean-Paul Delevoye, patron du Conseil économique, social et environnemental (CESE) et Thierry Saussez. Ce dernier est d’ailleurs le commissaire d’une journée de réflexion en la matière. Pourquoi pas ?
Regardez la Bourse, tout le monde vous le dira, elle marche à la confiance qui elle-même, quelque part, tire sa puissance de la bonne humeur. Là où les politiques et les succès économiques n’ont rien pu pour nous, tentons la bonne humeur. Que le printemps de la positive attitude nous emporte dans un tourbillon de joie et nous serons satisfaits. Oubliées les factures impayées et les découverts, passées par pertes et profits les dettes sous toutes les formes. Regardons le soleil briller et conjuguons du positif. Arrêtons de broyer du noir et tout ira bien. Nous sortirons de l’hiver de la pauvreté pour nous évader dans le printemps de la réussite. À nous l’opulence, grâce à la joie de vivre. À nous également le succès, grâce à l’optimisme. Vive la méthode Coué. Vraiment !
Adepte de la conjugaison mentale et de ses effets positifs sur notre santé et la réalisation de nos projets, je n’avais pas imaginé à quel point il suffirait de décréter d’être positif pour changer la face de l’économie. Et du monde, tant que l’on y est ! Que de temps perdu depuis la nuit des temps ! Pour éviter, voire éradiquer les crises meurtrières, il suffisait de positiver. À bien y réfléchir, je comprends désormais pourquoi une chaîne de distribution à choisi comme devise l’incitation à positiver. Suivez mon index.
Là ou je rejoins moins nos artisans du Printemps de la positive Attitude, c’est quand je me rends compte qu’il est difficile de positiver alors même que tout nous pousse à déprimer : hausse des tarifs d’assurances et baisse des rendements de nos placements, inflation fiscale et salaires bloqués. Franchement, le temps n’est pas à la rigolade. En famille comme en entreprise, l’heure est plutôt à la rigueur qui ne veut pas dire son nom. Et avec cela, on vous demande un dernier spasme avec la … déprime, sous forme de sourire, s’il vous plaît !
Sommes-nous à ce point aux abois ? Est-ce la faillite définitive des projets politiques ? Et le renouveau d’une idéologie alternative ? En tout cas, je vous le dis, cette stratégie de l’optimisme a peu de chance d’aboutir tant notre société est plongée dans une déprime dont nos artisans n’imaginent peut-être pas l’ampleur, vu de leurs bureaux parisiens.
Ne blâmons pas leur initiative. Mais ne nous faisons pas d’illusions. Le combat de la déprime, nous le gagnerons avant tout sur le terrain économique. Avec ou sans le sourire. Il est vrai, ce serait nettement meilleur en chantant. Mais pour beaucoup d’entre nous, difficile de pousser la chansonnette et arborer un large sourire par ces temps de doute profond. Je sais. Vous me direz que je n’ai pas la positive attitude. Et vous, l’avez-vous ? Pas facile, hein, d’où un colloque d’ailleurs, en la matière.
Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef
