Marcher vaut mieux que guérir. Oui, vous avez bien lu et compris. Faire des pas équivaut à prévenir un certain nombre de pathologies. Alors, en piste pour une trotte comme vous le proposent depuis longtemps certains assureurs à travers des actions de prévention. Mieux, vous pourriez, dans les années à venir, moduler votre prime en fonction de votre effort. Une sorte de Pay As You Drive appliquée à la santé. Rien que ça !

Ils le savent bien, ces assureurs qui jouent la carte de la prévention. Elle vaut mieux que la guérison qui, soit dit en passant, peut contribuer à alourdir leurs charges techniques. Alors, dans leurs actions de sensibilisation, ils vous suggèrent différentes pratiques parmi lesquelles le sport et, en l’occurrence, la marche. Un long chemin agité sur lequel très peu parmi nous s’engagent.

Selon l’enquête de l’association Assureurs Prévention, 80 % des 18-64 ne réalisent pas les 10 000 pas préconisés par les médecins du monde. Un plancher reconnu comme seuil contribuant à réduire les risques liés à plus d’une pathologie (maladies cardio-vasculaires, diabète, cancer, AVC, etc.). Clairement, nous devrions tous être des marcheurs et/ou joggers permanents afin d’être sûrs de mettre toutes les chances de notre côté. Pourtant, pris dans notre quotidien, nous oublions ces bienfaits et bien d’autres sports, bercés par les véhicules à moteur et électriques. Les messages d’Assureurs Prévention ont beau être incitatifs, rien n’y fait. Nous ne bougeons pas d’un iota. Sédentaires nous sommes, sédentaires nous entendons rester. Là où la Prévention Routière marque des points, aidée certes par une stratégie répressive sans précédent (multiplication de radars et de contrôles), les actions d’Assureurs Prévention sont moins percutantes. Que faire là où la stratégie du bâton ne saurait avoir libre cours ? La carotte, pardi !

Dans certains pays, des assureurs l’ont compris, qui proposent déjà aux assurés de moduler leur prime d’assurance en fonction de l’intensité de l’exercice physique auquel ils s’adonnent. Une sorte de Pay As You Drive (PAYD) adaptée à la marche et au marché de la santé : le Pay As you Walk (PAYW), pourrait-on dire.

Des similitudes entre ces deux approches, il y en a. Pour l’assuré, il s’agit de porter en permanence sur soi un appareil mesurant son effort physique. Là où un boîtier est installé dans la voiture du client candidat au PAYD, le Smartphone équipé de capteurs dédiés entre en scène, intrus posé sur le corps de l’assuré.

Chez nos voisins, le modèle est séduisant. Le serait-il de ce côté-ci de la Manche ? On sait le sort réservé au PAYD en France : celui de produit de niche quand ce n’est tout simplement pas les gémonies. Pourquoi accorderait-on une fortune différente au même modèle de surcroît appliqué aux données de santé et à caractère personnel dont l’exploitation est fort réglementée ? Il faudrait franchir le stade des autorisations de la Cnil. Ce n’est pas gagné. Demandez à Maaf, qui avait eu l’ingénieuse idée de se lancer en protagoniste dans le PAYD.

Au-delà de ces difficultés, l’idée reste séduisante puisqu’elle permet de tarifer le risque au plus juste. L’essence même de l’assurance Mais, toutes les idées peuvent-elles être transformées en calcul mathématique ? La réponse n’appartient pas aux seuls actuaires. Et puis, le tarif n’est pas forcément le paramètre le plus efficace quand on parle d’assurance. Car comme le montre Pascal Demurger, directeur de la Maif (cf. rubrique Décryptage), le Low Cost, c’est de cela qu’il s’agit à terme, entraîne une révision de toute la chaîne de valeur de l’assureur qui l’adopte. Etes-vous prêt à payer moins cher votre santé pour des raisons économiques malgré l’application d’un modèle intrusif qui, au final, ne profiterait ni à vous ni à votre assureur ? Malheureusement, la crise pourrait pousser certains consommateurs, malgré eux, à poser leur candidature pour une telle hérésie.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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