On croyait la coupe de scandales bancaires pleine. Illusion. L’accusation portée contre le groupe HSBC, qui aurait participé au blanchiment d’argent outre-Atlantique, vient démontrer la capacité de ces argentiers à transformer la brillance de leurs fonds en véritable boue. Une gadoue qui pourrait éclabousser tout l’écosystème financier. Pour longtemps.

En cette fin d’année rédactionnelle, votre serviteur et son équipe rédactionnelle s’apprêtaient à consacrer le dernier édito de votre « Newsletter » à la météo, un risque que certains tours opérateurs proposent de garantir. C’était sans compter avec la cohorte de nouvelles, les unes toujours plus surprenantes que les autres, dévoilées sur le théâtre des scandales financiers. Un théâtre décidément spécialisé dans les psychodrames financiers. Alors que les vacances estivales riment plutôt avec soleil. Et comédie. Mais me direz-vous, une succession de drames peut parfois virer à la rigolade, ou plutôt singerie. Certes ! Mais alors, ça rit jaune. Car quand l’équipe dirigeante de Barclays, tels les héros des Pieds Nickelés, barbotte et gigote dans le scandale du Libor, les déconvenues de HSBC prennent le relais. Pas du tout drôle. Aux États-Unis, la célèbre banque aurait participé au blanchiment d’argent. Des accusations gravissimes révélées dans un rapport du Sénat américain. Selon ce document, le groupe n’aurait pas respecté la réglementation relative à la lutte contre l’argent sale, entendez le magot issu de la drogue et/ou lié au terrorisme. Période concernée : entre 2004 et 2010. Comme je vous sais alertes, vous avez tout de suite noté que cette légèreté commence à un moment où la traque contre les terroristes et leurs moyens bat son plein outre-Atlantique, du fait des plaies, encore béantes, des attentats du 11 septembre. Un chiffre : à travers sa filiale mexicaine, HSBC serait impliqué dans le blanchiment de près de 6 Mds d’euros issus de cartels de la drogue. Comment un banquier aussi puissant se serait-il laissé porter par de telles pratiques à une époque où la réglementation sur le blanchiment est pour le moins stricte ? Ses dirigeants devront apporter réponse à cette interrogation, au plus vite.

Le malheur des uns faisant le bonheur des autres (indulgence pour la simplicité de l’adage en cette période de relâchement intellectuel), les défaillances de HSBC ont donné à certains éditeurs de logiciels de lutte anti-blanchiment, l’occasion de rappeler la capacité de leurs solutions à détecter des flux suspects traités sur leurs chaînes. Ils sont dans leur droit. Pour autant, un progiciel, quelque puissant soit-il, ne saurait mettre un terme à des pratiques illicites parfois cautionnées, voire volontairement ignorées par le top management. A ma connaissance, HSBC est bel et bien outillé en la matière. Le cas échéant, ce serait une erreur stratégique grave tout aussi condamnable.

Au-delà de ce constat, les scandales qui se succèdent vont légitimer les tours de vis réglementaires actés et ceux à venir sur les marchés bancaires et assurantiels, pourtant fortement marqué par une inflation normative. Cela suffira-t-il à remettre sur le droit chemin une profession qui bénéficie de l’argent du contribuable pour se refaire une santé éphémère tout en imposant un processus drastique d’octroi de prêts aux plus faibles et tout particulièrement aux TPE, PME et PMI ? Rien n’est moins sûr, y compris de ce côté-ci de la Manche et de l’Atlantique, où le vent de scandales n’a pas (encore ?) fait de victimes.

Gardez l’écoute pendant les vacances, vous n’êtes pas à l’abri d’un nouveau rebond scandaleux.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

 

 

Amae Martin
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