Traiter la retraite de chantier difficile serait un quasi-pléonasme. Une véritable marche du calvaire,  pour les hommes politiques comme pour les retraités mais, surtout, pour les cotisants. Par petites doses, la remise à plat de ce système s’opère, de Balladur à Ayrault, En passant par Raffarin et Fillon. Du beau monde qui n’arrive pas à en finir avec cette modernisation. A quand la Terre promise d’une retraite garantie ? Le quatuor aux manettes s’affaire sur des notes à chaque fois inachevées.


La peur de tout casser ou volonté de conserver un consensualisme introuvable ? Difficile de répondre à cette question. Toujours est-il que la problématique de la retraite en est à la quatrième du genre, depuis 1993, avec pour premier chef d’orchestre, Édouard Balladur, qui avait posé les bases de la modernisation  de ce système. Timidement. S’attaquant à ce mammouth comme aurait dit un certain ancien ministre de l’Education nationale, il avait remis en cause, pour la première fois, la durée de cotisation, appelée à glisser au fil des ans, de 37,5 à 40 ans. Du provisoire, au final. Témoin, une décennie plus tard, Raffarin remettait le couvert en ouvrant cette reforme aux fonctionnaires, qui ont vu leur durée de cotisation passer également à 40 ans. Valse inachevée sachant que Fillon, Premier ministre de la Sarkozie avait introduit, en 2010, à son tour, le départ à la retraite à 62 ans dès 2017 et à 67 ans en 2022. Chacune de ces avancées dans le recul de l’âge de départ était vécue comme une rétrogradation  sociale. Des larmes et du sang. Pavé et promesse de vindicte populaire. Tel a été le menu de ce projet indigeste qui a fini toujours par ne pas résoudre le problème à savoir : garantir une pension pleine à tout cotisant sans lui demander de travailler toujours plus.

Aujourd’hui, c’est au tour du quatrième partitionniste d’entrer en scène. Face à lui, la majorité des représentants sociaux, qui boudent cette nouvelle réforme. Selon eux, une de plus dans la marche du calvaire que s’imposent et nous imposent les gouvernants. Prévoir un nouvel allongement  de la durée de cotisation à 43 ans à l’horizon 2035, comme le propose le gouvernement Ayrault,  ne les arrange pas. Comment faire quand le déficit du système ne fait que se creuser alors que les jeunes sont de moins en moins nombreux à faire face aux pensions des retraités dont la durée de vie ne cesse de s’allonger ? Quadrature du cercle. Manifestement la solution de Matignon  ne convainc donc pas. À la place, les écologistes privilégient la piste de la taxation du capital. Ainsi que la participation des entreprises. Quid des syndicats ? Celui des cadres, en l’occurrence la CFE-CGC, parie sur une nouvelle cotisation sociale sur la consommation. Point commun entre ces différentes propositions, un nouvel effort à effectuer par les acteurs économiques. Ce qui n’est pas du goût de tout le monde. Evidement.
La solution pour beaucoup, battre le pavé ; une solution qui n’y changera rien. Assurément. Témoin les différentes réformes citées ici ont toutes été adoptées. Du coup, le gouvernement, porté par le fait majoritaire,  serait bien inspiré de pousser loin sa réforme,   car quoi qu’il en soit, des leviers de boucliers, il y en aura. Au moins il aura essayé de résoudre ce problème une fois pour toute. Mais le manque de courage politique et la marge de manœuvre économique réduite incitent à la prudence. Sans oublier le volet politique. Au fait les Municipales, c’est pour quand déjà ?

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

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