Drôle de politiques. Intelligents comme tout le monde le sait car faisant souvent partie de l’Enarchie, ils peinent à être sages. Normal, on ne peut pas tout avoir. Mais alors, pourquoi leur faire toujours confiance ?
Pour peu, on aurait l’impression qu’ils agissent avant de réfléchir. Comment pourrait-il en être autrement quand on voit que le pacte de compétitivité vient d’hériter d’un frère, jumeau, ou plutôt siamois : le pacte de solidarité. Pourquoi pas avant ? Entre temps, les élections municipales sont passées par là ! Et obligé le président de la République à trouver une nouvelle parade. Exit le fidèle Jean-Marc Ayrault, sacrifié à l’autel de la Real politik. Vive Manuel Valls, le plus libéral des socialistes, a-t-on coutume de dire. Est-ce pour lui trouver un thermostat en cas de surchauffe libérale que le Président lui confie de mettre en musique le pacte de solidarité ? Son prédécesseur n’avait-il pas le profil de l’emploi pour conduire un tel chantier ? Son style de gentil tonton l’y prédestinait sans aucun doute. Mais seulement, voilà, nos grands intellectuels et nains politiques avaient purement et simplement oublié ce volet que les électeurs de gauche ont pris le malin plaisir de leur rappeler. Ainsi va la politique, notre politique, portée par des têtes bien pleines mais franchement mal programmées pour nous conduire vers la prospérité.
Au-delà de ce constat qui choquera plus d’un parmi vous se disant que de tels propos n’ont rien à voir dans ces colonnes, constatons la tardive (ré)action de l’exécutif face à un pays en proie à des difficultés sur tous les fronts. La Sécurité sociale, un des sujets de ce pacte de solidarité avec l’emploi et le pouvoir d’achat ne cesse de se morfondre dans le rouge. On nous promet du coup qu’avec cette nouvelle formule magique, elle reprendra des couleurs. Ce qui la sauvera mais ne saurait arrêter le désengagement de l’Etat qui pousse beaucoup à ne plus se soigner, faute de moyens. Que dire de la diminution d’impôts promise par le Président qui « aime les gens, pas l’argent » ? Difficile de croire qu’il a fallu une véritable baston de la gauche aux locales pour voir enfin arriver une ribambelle de bonnes nouvelles ! Difficile. Aux européennes, que fera l’Exécutif ? Privé de fusible (ce n’est pas fair pour l’ancien prof d’allemand, je vous le concède mais c’est pourtant vrai), quelle mesure nous sortira-t-il ? Je vous le promets, nous aurons, à tout le moins, une belle réforme de l’assurance vie, bien plus hardie que celle qui a accouché des Euro Croissance. Mais comme beaucoup auront été dégoutés par l’envie d’épargner en France, ce sera un coup d’épée dans l’eau. Et même les pauvres assurés qui devront désormais se payer une seule paire de lunettes tous les deux ans n’y trouveront pas leur compte. C’est dire.
Plus sérieusement, vous l’aurez compris, l’heure est grave. Par ces temps de crise, chaque minute compte. Chaque mesure doit être (re)pensée, testée et passée au crible. Le pacte de compétitivité devait être assorti, dès le départ d’un pendant solidaire. Certains l’ont dit ; mais ils ont tort de n’avoir pas été élus Président. En clair, nous avons tous les politiques que nous méritons. Devons-nous pour autant nous taire ?
Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef
