Notre système de retraite va mal. Très mal même. La réforme Fillon avait tenté d’y apporter un remède homéopathique. Chou blanc ! Une décennie plus tard, le vieux système chargé de nous garantir de beaux jours ainsi qu’à notre jeunesse ne pourrait pas tenir en l’état. Les hypothèses optimistes retenues pour vérifier la solidité des régimes seraient peu plausibles. C’est en tous cas le sentiment de l’Institut de la Protection Sociale (IPS), qui propose une démarche de crash-test bien connue des institutions bancaires et des industriels de l’automobile. Est-ce la meilleure solution ?

Notre système de retraite est sénile, voire sénescent. Sur ses appuis vieillots, il ne tient plus debout. Ce constat effectué depuis plusieurs décennies s’est confirmé année après année. La situation se dégrade de plus en plus, au rythme du déficit cumulé de l’assurance chômage qui s’élève désormais à plus de 18 Mds d’euros. Clairement, comme le constate justement l’IPS, s’appuyer sur la réduction des cotisations chômage pour réduire les déficits retraite serait suicidaire. Pourtant, il y a encore une décennie, dans un contexte de réforme Fillon, le tour de passe-passe consistant à transférer une partie des cotisations chômage vers celles des retraites participait des prévisions. Et devait assurer, in fine, l’équilibre des comptes. Pour l’IPS, les chiffrages faits à l’époque par le Conseil d’Orientation des Retraites (COR) s’appuyaient sur des hypothèses trop optimistes. Aujourd’hui, les faits confirment cette analyse. Les données considérées pour préparer la reforme des régimes de retraite ne tiennent pas debout.

Comment prouver les limites de cette approche ? L’IPS propose un crash-test. Comme on le fait pour valider l’efficience d’un système de freinage automobile, la robustesse d’un ABS. Ou encore, l’efficacité d’un système financier. Pourquoi pas ? En partant d’hypothèses socio-économiques viables, le COR pourrait conduire une telle opération. Espérons tout simplement que les résultats de ces tests reflèteraient la réalité. Car souvenez-vous, en matière de crash-test, notre système bancaire a déjà donné. Les évaluations successives ont conclu à sa fiabilité quasi-parfaite. Face à des soubresauts de différents ordres, nos banques résisteraient, nous avait-on promis. Le contribuable que vous êtes doit en rire à gorge déployée. Jaune. Car vous avez dû participer au renflouement des institutions bancaires dites fiables et qui, au moindre toussotement du système international, se sont embrumées et enrhumées. A quoi auraient servi les différents crash-tests réalisés ?

En matière de retraite comme bancaire, les mesures à prendre doivent être corrigées au fil des ans tant la situation économique est devenue instable. Quel crash-test pourrait aujourd’hui garantir la viabilité de la retraite d’après-demain ? Certes, une telle pratique a le mérite de considérer les données sous un angle pragmatique. Mais elle ne suffit pas. Il faudrait y associer une vigilance permanente. Quoi qu’il en soit, la meilleure solution passe par le plein-emploi. Une réalité longtemps sortie de notre vocabulaire tant la crise l’a rendue imprenable. Comme bientôt notre système de retraite ? Même en multipliant les crash-tests, il n’est pas dit que nos régimes obligatoires persistent sous leurs formes actuelles. De ce point de vue, les solutions alternatives ou plutôt supplémentaires portées par les assureurs privés ont de beaux jours devant eux. Sans être inquiétés PSG la sénescence.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Amae Martin
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