Le cabinet de services vient de réaliser une enquête sur le thème « Insurer Outlook Survey ». Celle-ci porte sur les assureurs mondiaux face aux évolutions réglementaires et au ralentissement de leur croissance.
D’entrée de jeu, Towers Watson constate que « les évolutions réglementaires constituent la principale préoccupation des assureurs au niveau mondial. Ce phénomène est particulièrement prononcé en Europe, avec l’entrée en vigueur de Solvabilité II dans un an. »
Selon cette enquête, les assureurs du monde entier font le même constat : les changements réglementaires et la faiblesse persistante des taux d’intérêt demeureront les principaux enjeux au cours des trois prochaines années. Pour 62 % des acteurs interrogés, ces évolutions à court terme de leur environnement constituent la principale source de préoccupation. 27 % expriment également des craintes sur des questions plus fondamentales, telles que la capacité de leur modèle économique à faire face à des risques inédits ou émergents.
Vu sous l’angle géographique, 85 % des assureurs nord-américains s’inquiètent plus des risques de taux d’intérêt que leurs homologues d’Europe (68 %) et d’Asie Pacifique (61 %). Ces derniers sont plus préoccupés par les changements réglementaires (Europe 82 % et Asie Pacifique 80 %) que leurs alter ego nord-américains (65 %).
Rapportée aux secteurs d’activité, cette étude montre que les compagnies d’assurance vie et IARD se rejoignent sur les principaux enjeux externes, à l’exception des changements climatiques qui ne sont pas considérés comme un risque par les assureurs vie.
Selon Guillaume Beneteau, responsable du Département Assurance vie de Towers Watson France, « avec l’entrée en application de Solvabilité II dans un an, il n’est pas vraiment surprenant que la réglementation soit au cœur des préoccupations des assureurs internationaux, et des compagnies européennes en particulier. Pourtant, se focaliser autant sur les questions réglementaires à court terme peut se révéler un problème à long terme, car les assureurs doivent faire face à bien des nouveaux enjeux, comme les opportunités offertes par le Big Data et les réseaux sociaux, et la capacité à suivre le rythme de l’innovation. À accorder trop d’importance à la réglementation, on court notamment le risque de négliger certains aspects qui revêtent à terme plus d’importance. »
Par ailleurs, 60 % des assureurs prévoient une stagnation de l’activité économique, voire l’entrée dans une phase de croissance négative (17 %) au cours des trois prochaines années. Les compagnies de la région Asie Pacifique sont les plus optimistes quant aux perspectives de croissance (52 %), nettement plus que leurs homologues nord-américaines (20 %) et européennes (18 %).
27 % des dirigeants du secteur de l’assurance vie se disent plus optimistes que ceux du secteur IARD (18 %). Près des deux tiers (63 %) des assureurs estiment que la croissance sera principalement d’origine interne. Commentant ces résultats, Guillaume Beneteau a déclaré : « globalement, les assureurs d’envergure mondiale s’attendent à une croissance symbolique dans les prochaines années et c’est probablement pourquoi elles font de l’Amérique latine et de l’Asie leurs cibles d’expansion. Mais ce ne sera pas chose facile. Les entreprises européennes et nord-américaines qui font leur entrée sur ces marchés doivent composer avec les différences linguistiques, culturelles et professionnelles. »
Par ailleurs, selon les répondants, les principaux défis à relever en matière de ressources matérielles et humaines sont la technologie (88 %) et la gestion des talents (78 %). Ainsi, « en Asie, certaines entreprises créent des centres d’innovation internes afin de devenir créatrices de nouveaux marchés avant leurs concurrents ; plus d’assureurs devraient envisager cette approche », ajoute Guillaume Beneteau. Les assureurs interrogés ont également réfléchi aux principales menaces et opportunités qui se présentent à eux. Outre la réglementation (57 %), ils évoquent surtout l’évolution des canaux de distribution (47 %), le rythme de l’innovation (39 %), le Big Data (30 %) et les réseaux sociaux (9 %). Comme le constate Guillaume Beneteau, « de nombreuses opportunités sont à saisir pour ceux qui veulent développer leurs activités. Or, plutôt que de prendre des mesures radicales, les assureurs se contentent souvent d’initiatives mineures. Nombreux sont les assureurs interrogés qui commencent à se demander si cette approche leur permettra d’évoluer au même rythme que le marché. »
Cette enquête mondiale sur les compagnies d’assurance a été menée par Towers Watson auprès de 365 cadres dirigeants de toutes les régions du monde, œuvrant en proportions quasi égales dans les secteurs de l’assurance vie et de l’assurance IARD.
