emma-webEn général, le sacré reste particulier. Abordable avec des pincettes. Rien à voir avec notre fameuse zone euro. Elle nous fait voir de toutes les couleurs. Des couleurs qui n’ont rien à voir avec l’éclat des billets en circulation dans notre espace économique.

Sous prétexte de renflouer le système bancaire chypriote en pleine déconfiture (raison officielle) et de taxer les avoirs russes (argument officieux), les membres de l’Eurogroupe ont semé la plus grosse peur-pagaille chez les épargnants européens de tous les bords. De mémoire de confiance évaporée, on a rarement vu une telle mise à mort. Un seul oukase aura suffi pour faire trembler les Chypriotes et leurs semblables de la zone euro. Comment ? Taxer les actifs des épargnants pour financer un système bancaire qui ne les épargne guerre peut-il laisser indifférent le plus insensible des consommateurs ? La réponse ne s’est pas fait attendre. Ruée vers des valeurs refuge pour ceux qui le peuvent. Et les pauvres petits épargnants ? Panique ! Ils ont beau être rassurés grâce à des annonces en guise de placebo, le vers est dans fruit ; le mal consommé. L’onde de choc à atteint les rives de la Seine. Désormais, le consommateur européen se le dit en silence : « mes avoirs bancaires ne sont plus en sécurité dans cette zone euro qui était pourtant faite pour me protéger et m’apporter des conditions de vie meilleures ». En la matière, le citoyen européen doit désormais payer au lieu d’encaisser. Ou plutôt encaisser sans broncher. Si vous voyez ce que je veux dire. Etat européen providentiel ? Etat européen désormais charognard. Etat z’euro.

Quand on constate à quel rythme la battue se poursuit, il est légitime de se demander à quelle sauce nous allons être mangés, en France. Sale temps pour ceux qui ont des actifs dans nos banques. Dieu sait que nous sommes un pays d’épargnants même si ce n’est pas pour nous garantir forcément une retraite méritée. Et paraît-il, nous sommes plus riches que les Allemands (selon une récente enquête de la Bundesbank qui attribue à nos ménage un patrimoine moyen de 229 000 euros contre nos alter ego d’outre-Rhin avec 195 000 €). Le risque est de voir nos avoirs un jour tomber sous le scellé des financiers d’une zone euro qui agissent avant de réfléchir, à en juger à travers l’exemple de Chypre. Sinon comment expliquer la volte-face opérée dans la foulée du lever de bouclier ?

J’entends parler ici et là d’économie-casino à propos de cette île très fréquentée par des investisseurs en mal de blanchiment. En quoi ces pratiques concernent-ils le petit épargnant pour qui 10 000 euros constituent parfois l’économie de toute une vie ? Au lieu de taxer ces modestes consommateurs, les patrons de la zone euro devraient avoir le courage de juguler le mal à la racine. Mais à voir comment sont réglées les questions des différents pays touchés successivement, viser les plus faibles semble être le maître-mot. À cela, ajoutons l’originalité. Mais oui ! sauf erreur, la décision de taxer les actifs des petits consommateurs chypriotes est bien la première du genre. Le rétropédalage observé n’y changera rien, les esprits sont désormais marqués. S’il s’agit d’une préparation psychologique des autres pays européens, elle aura été rondement menée. Est-ce pour autant que nous devrions nous ruer sur nos petites économies à vue devenues de plus en plus importantes du fait de la contre-performance des rendements de l’assurance vie ? À bien y regarder, l’ancien placement préféré des Français vient de recevoir un soutien de taille involontaire en provenance de Chypre. Car pour protéger leurs avoirs, certains pourraient décider de regarder une nouvelle fois de ses supports. Malgré des taux piteux.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

 

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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