Nos gouvernants ont adopté plusieurs plans successifs en vue de régler l’épineux et jusqu’alors insoluble problème de notre système de retraite par répartition. Chou blanc ! Manque de courage politique pour les uns, de visibilité économique pour les autres, les deux à la fois pour une troisième catégorie. Pour tous, il s’agit, désormais, d’arguments un peu courts. Le risque de faillite de ce régime est beaucoup trop grand pour continuer avec les mesurettes. Il est temps d’agir. Pour le long terme.

La situation ? Tout le monde ou presque, la connait. Un système de retraite par répartition au bord du gouffre. Moins de trois ans après la dernière réforme en la matière sensée garantir la viabilité de ce dispositif jusqu’en 2008, voilà que le sujet revient sur le Tapis. Avec acuité. Chaque jour qui passe alourdit le déficit de ce régime. Et pour cause ! Le nombre d’actifs, encore des cotisants, baisse au rythme effréné de l’augmentation du chômage. Vertigineux. Actuellement, il faut compter 1,7 actif pour un retraité. C’était quatre pour un, il y a encore trois décennies. Du coup, le train de la retraite dévisse. Et pourrait dérailler. 21 Mds€, presque, à l’horizon 2020. C’est, en tous cas, la projection du Conseil d’Orientation des retraites (COR). Inutile de vous dire que cela va faire mal. À nos porte-monnaie.

Les conséquences ? Nous devrons tous (re)mettre la main à la poche et, surtout travailler plus longtemps, pour ne pas forcément gagner plus. Cette fois-ci, sommés par la Commission européenne qui nous a accordé un sursis de deux ans pour ramener à l’équilibre nos comptes publics et assainir notre système de retraite d’ici 2020, nous devons franchement profiter de l’occasion pour arrêter les mesurettes. Et passer à une réforme structurelle. Des larmes et du sang en perspective. Oui ! Il faut le dire. Et se le dire : à faire l’autruche en permanence, nous allons finir par voir notre système de retraite par répartition à travers des couleurs grisâtres. Alors, pour être maîtres de notre destin de futurs retraités, tout en continuant à financer la retraite de nos aînés qui se sont sacrifiés pour nous, de véritables mesures dignes de ce nom s’imposent.

Accroître la durée de cotisations ? Certes ! Mais cela ne suffit plus. Surtout, une telle disposition mettrait à mal l’avenir de nos enfants incités à passer plus de temps sur les bancs de l’Ecole. Il faut également avoir le courage de s’attaquer aux inégalités. Aligner les régimes publics et privés. En clair, la durée de cotisation doit être la même pour tous ; tout comme son taux et, bien entendu, l’âge de départ. Economiquement, cela reviendrait à proposer à tous la même durée de carrière, la même rémunération et, pour finir, la même retraite. Utopique ? Equitable ! Plutôt facile à dire mais difficile à conduire dans un pays où chacun de nous est attaché à ses petits privilèges.

Seulement voilà, à vouloir la jouer solo, comme dirait la génération Y, celle-ci ne pourra plus bénéficier de la retraite par répartition. Pire, nos aînés ne sont pas sûrs de finir en beauté. De nous, actifs, n’en parlons point. Alors, à l’heure où la Commission sur l’avenir des retraites, sous la houlette de Yannick Moreau, s’apprête à publier ses propositions (des fuites ont déjà été enregistrées, notamment sur la remise en cause de l’assiette de calcul des retraites du public qui porte actuellement sur les six derniers mois et non sur les vingt-cinq meilleures années comme c’est le cas dans le privé), le débat amorcé dans le pays doit rester positif, s’agissant d’un sujet sociétal.

Confrontés aux mêmes difficultés, nos voisins ont su trancher dans le vif. L’Espagne fera glisser l’âge de la retraite de 65 à 68 ans. Avec au minimum, 38 années de cotisation, les 25 meilleures années étant la base de calcul.

Dans les prochaines semaines, la France aura la chance de prendre des mesures impopulaires pour un avenir radieux. Le gouvernement Ayrault saura-t-il trouver les mots justes pour vendre l’invendable ? En tous cas, de cosmétique notre régime par répartition n’a plus besoin. Il brille déjà trop par sa quasi-faillite.

Emmanuel Mayega
Rédacteur en chef

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

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