La France consacre au financement du système de santé plus de 11 % de sa richesse nationale. Si cela est considérable, des investissements restent à trouver pour financer le secteur de la e-santé. Faciliter l’accès aux soins des patients, automatiser certaines pratiques par les médecins, créer un autre mode de relation, aussi, entre les différents acteurs de santé, tels sont les enjeux de l’introduction des TIC dans ce domaine. Or, cela ne pourra se faire sans le déploiement des start-up consacrées à ces problématiques : favoriser leur émergence, et les aider à trouver leur public, en dehors des populations âgées qui sont la cible actuelle du gouvernement, reste un défi pour le secteur.

Les innovations françaises en matière de santé 2.0 ne manquent pas : expérimentation du Conseil général du Bas-Rhin, fort engagement de la ville de Nice, déploiement des offres de télémédecine portés par l’évolution de la domotique, ou encore de la technologie sans contact.

Pourtant, le constat des Quatrièmes Assises des technologies numériques de santé n’est pas très bon. Si aucun pays ne peut se targuer de faire figure de modèle, les Etats-Unis investissent suffisamment pour progresser rapidement dans les prochaines années. Ainsi, d’après une étude menée par Rock Health, entre 2011 et 2012, le montant des investissements consacrés aux services de e-santé a augmenté de 46 % (1413 millions de dollars). Quatre domaines ont été favorisés : l’engagement du consommateur, l’information des dossiers médicaux, l’élaboration d’outils de Quantified-Self et des outils organisationnels pour les hôpitaux.

En France, les centres hospitaliers de Belfort-Montbéliard et de Valenciennes font figure d’exception en atteignant le niveau 6 de la classification de l’HIMSS* (donc assez mature). Mais, l’étude Rock Health montre également que le financement de la e-santé nécessite de faire des arbitrages qui n’emporteront pas forcément l’approbation de tous les acteurs en jeu : par exemple aux Etats-Unis, le budget alloué aux outils médicaux a baissé au profit de la e-santé.

Comment, alors, convaincre les équipes des efforts à fournir en matière de formation, de réorganisation du travail alors que des petites structures de proximité disparaissent ? Et si les TIC peuvent, justement, palier la problématique des déserts médicaux, les mentalités doivent encore évoluer pour accepter un autre mode de relation médecin-patient. Un besoin de réassurance est nécessaire également avec l’accroissement du rôle des infirmiers qui peuvent prendre le relai des médecins sur des actes simples lors de visites médicales « dématérialisées ». Mais surtout, la traçabilité des actes que les TIC permettent peut poser problème d’autant plus que les patients, plus informés, pourront reprendre à leur compte ces informations pour les challenger dans leurs pratiques. Aujourd’hui, d’après Laurent Alexandre, fondateur de Doctissimo : « l’informatisation de la santé n’est nulle part une réussite (…) ce qui prouve que ce n’est pas facile ».

La problématique de la e-santé réside donc aussi dans la plus-value à percevoir en termes de coût et de mieux-être le fait d’installer les TIC au quotidien des personnes. Contrôle du diabète, prise en charge quasi-immédiate du patient, analyses fines de ses modes de vie, plus grande capacité de stockage des données et donc capacité de faire davantage de cas par cas dans les traitements, etc. Sans oublier le gain de temps pour les praticiens, évidemment (d’après le 1er observatoire sur l’utilisation des smartphones par les praticiens, 94 % des médecins interrogés en font déjà un usage professionnel pour des besoins organisationnels ou d’information). D’après Laurent Alexandre, des starts-up se positionnent de plus en plus sur ce secteur, si ce n’est en France, cela le sera à l’étranger. Il met en garde les pouvoirs publics contre la fuite de la valeur : « une fois qu’un acteur est puissant, c’est réagir trop tard ».

* Healthcare Information and Management Systems Societ

Yaël Bouvier ©CAPA Conseil

 Crédit : FreeDigitalPhoto.net

 

Amae Martin
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