L’étude du courtier sur les régimes de retraite dans le monde classe la France en dehors du peloton de tête. « La France doit rééquilibrer son système pour qu’il soit viable », indique cette enquête.

Le courtier spécialiste du conseil et services en ressources humaines, protection sociale et avantages sociaux, a analysé les régimes de retraite de 25 pays, sur la base de plus de 40 indicateurs évaluant l’adéquation, la viabilité et l’intégrité des systèmes mis en place. Et conclut que « le régime français présente une base solide qui nécessite d’être ajustée pour rester pérenne. »

En fait, l’enquête Melbourne Mercer Global Pension Index attribue la note « C » au système d’épargne et de revenu des retraites de l’Hexagone. Et le classe en 13ème position, loin derrière les pays nordiques et l’Australie. Cette note  correspond à un index compris entre 50 et 60 et souligne une base solide.

De fait, le système français par répartition (cotisations redistribuées par l’Etat) avec un niveau de retraite minimum et deux régimes complémentaires (ARRCO et AGIRC), offre l’un de meilleurs niveaux de retraite légale dans le monde. Pour autant, il conserve certaines lacunes et comporte risques significatifs sur le long terme.

Face à cela, Mercer dresse les hypothèses d’un système plus avantageux, pour pour les ménages comme pour les pouvoirs publics : hausse du niveau de préfinancement en vue d’accroître à terme le volume des actifs financiers destinés à la retraite ; augmentation de l’âge du départ à la retraite ; politique en faveur de l’emploi des seniors ; développement de prescriptions règlementaires des régimes de retraite privés.

 

Selon Yanick Chainey, Leader Retraite au sein de Mercer France : « La France doit aujourd’hui faire face à une conjoncture économique défavorable qui pénalise le financement des retraites. Le pays doit donc avant tout renouer avec la croissance de l’emploi et favoriser une évolution culturelle pour encourager l’employabilité des seniors. Il apparaît clairement en regardant à l’international qu’aujourd’hui ce sont aux entreprises et à nous tous individuellement d’épargner pour la retraite. Les régimes d’Etat ne pourront plus être la réponse unique au maintien du pouvoir d’achat des retraités. ».

Pour cette enquête, les pays nordiques sont en tête du classement des régimes de retraite dans le monde, et de nombreux enjeux à relever persistent pour l’ensemble des systèmes. Un exemple, « le Danemark conserve la première place du classement pour la quatrième année consécutive, et se distingue par un système de retraites aux prestations adaptées, avec des actifs et des cotisations élevés, et un financement privé bien réglementé. Dans l’ensemble, les pays nordiques se démarquent, occupant 6 des 10 premières places du classement. »  En revanche, « l’un des challenges mis en lumière par le Melbourne Mercer Global Pension Index est l’allongement de la durée du temps passé en tant que bénéficiaire d’une pension de retraite. Les 11 pays étudiés depuis l’édition 2009 ont observé une différence de plus de 2 ans, avec une moyenne actuelle de 18,4 années, vs 16,6 il y a 7 ans. Pour contrebalancer les effets de cette hausse de l’espérance de vie,  5 pays – Australie, Allemagne, Japon, Singapour et le Royaume-Uni, ont augmenté l’âge de départ à la retraite, sans pour autant parvenir à stopper l’accroissement de la durée effective de la retraite. »

Enfin, pour Mercer, « un autre défi consiste à renforcer le nombre de travailleurs « séniors » : depuis 2011, la part de la main d’œuvre des 55-64 ans dans la population active est passée de 57,9 % à 62,2 %, soit une augmentation de 1% chaque année. Cependant, tous les chiffres nationaux ne suivent pas cette même tendance : au Brésil, en Inde et en  Chine le taux d’activité des séniors a augmenté de moins de 4 %, et il a même reculé aux Etats-Unis. »

Méthodologie

L’indice Melbourne Mercer Global Pension a été créé en 2009. Il évalue les systèmes de régimes de retraite de 25 pays, représentant 60 % de la population mondiale. Il tient compte de plus de 40 indicateurs. Et il attribue à chaque pays une note comprise entre 0 et 100, représentant la moyenne pondérée de trois sous-indices : le premier est l’adéquation, pondérée à 40 % : le principal objectif de tout système de régimes de retraite est de fournir un revenu de retraite suffisant. Ce sous-indice prend en compte le niveau de base du revenu versé, le taux de remplacement net pour ceux qui touchent un revenu médian ainsi que plusieurs autres enjeux liés à la structure des régimes. Le deuxième est la viabilité, pondérée à 35% : ce sous-indice reconnaît que la viabilité à long terme du système de régimes de retraite actuel est une source de préoccupation dans bien des pays, surtout si on prend en compte le vieillissement de la population, l’augmentation du ratio des retraités par rapport aux travailleurs actifs et, dans certains pays, l’augmentation de la dette publique. Quant au troisième, il constitue         l’intégrité, pondérée à 25 % : ce sous-indice examine le rôle de la réglementation et de la gouvernance, la protection offerte aux participants, ainsi que le degré de communication aux populations concernées afin d’évaluer la confiance dans le régime de retraite en place.

Emmanuel Mayega
A propos de l'auteur

Directeur de la rédaction et de la publication du magazine Assurance & Banque 2.0 et de ce site, Emmanuel a une connaissance accrue de l’intégration des technologies dans l’assurance, la banque et la santé. Ancien rédacteur en chef de ce magazine, il a pendant plus d'une décennie été rédacteur en chef adjoint d’Assurance & Informatique Magazine. ll est un observateur affûté du secteur. Critique, il se définit comme esprit indépendant et provocateur, s’il le faut.

Site web : http://www.assurbanque20.fr

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